brc (le ceux ([ui conlribuèrent le plus activement à fonder
son indéjiendance, et il s’établit définitivement dans
le pays. Plus tard, croyant avoir à se plaindre du gouvernement,
il abandonna le service, mais il fallait un
alimenta sa rare activité; M. Willimi le cbercba dans la
fondation d’ime nouvelle colonie. Les fies Galapagos
désertes et à peine connues furent le lieu qu’il choisit.
La Floriade.
Ces fies, situées à fieux cent vingt lieues environ du
continent américain, n’appartenaient proprement à personne;
toutefois en raison du voisinage, l’État de l’Équa-
tenr pouvait en revendiquer la propriété, fort peu prisée
d’ailleurs jusque-là. M. Willimi en acheta deux. File
Charles et une autre située comme celle-ci dans la partie
la plus méridionale de l’Archipel, et il obtint sans
peine du président de la république l’autorisation d’y
fonder à ses frais une colonie d’hommes libres : il l’appela
Floriade, du nom du général Llorès.
A l’époque du passage de la Bonite, trois ans après sa
fondation, la Floriade nourrissait une population de
trois cents personnes et se suffisait déjà à elle-même.
Colons recrutés dans les prisons de Guayaquil. Quelques réflexions à ce sujet.
Ce fut dans les prisons de Guayaquil que M. Willimi
puisa ses éléments de colonisation et parmi les prostituées
de cette ville qu’il choisit des épouses à ses nouveaux
colons. Les uns et les autres, s’il faut en croire
son témoignage., ont fait oublier par leur bonne conduite
cette origine peu recommandable. Pourquoi non? le
travail est un puissant moyen de moralisation, ainsi que
les Anglais en ont fait l’heureuse expérience dans la
Nouvelle-Galles du Sud.
Si je ne craignais d’avancer un paradoxe, je dirais
qu il n’est pas de meilleurs éléments de population pour
un établissement colonial naissant que ceux qu’on puise
à des sources semblables. L’homme tombé une fois n’est
point nécessairement voué au mal par sa nature. Le repentir
communément suit la faute commise et sollicite le
coupable à revenir au bien ; que lui faut-il pour cela ?
peuUétre en première ligne l’espérance de se relever aux
yeux des autres comme à ses propres yeux.
Mais comment cette espérance pourrait-elle naîire,
s’il est condamné à vivre marqué d’une note d’infamie
aux lieux où il a subi sa condamnation ? rencontre-t-il
autre chose que des regards de mépris ou tout au plus
(s’il parait s’amender) des regards de pitié, non moins
blessants pour son orgueil? Souvent il ne retourne au
crime que par désespoir de pouvoir jamais recueillir les
avantages de la vertu.
La société l’a puni justement, il peut se résigner à sa
condamnation. Elle l’humilie et le rejette, il se révolte.
Il rougirait d’une faute passée s’il n’avait à répondre
qu’aux reproches de sa conscience ; il étale le cynisme
Bonite. — Relation du voyage. Tome II. JQ