cour de Kéoua. Toutes ces femmes appartieiment à la
classe des chefs du second ordre. Leur costume uniforme
consistait en une hlouse en tissu de coton à fleurs
peintes. Elles étaient coiffées en cheveux, à l’américaine.
Deux d’entre elles, armées de chasse-mouches, les agitaient
incessamment autour de Kéoua, pour en éloigner
les insectes incommodes et rafraîchir l’air qu’elle respirait
à grand hruit.
Koua-Keni présenta à M. Vaillant sa fdle adoptive,
jeune enfant de quatorze ans, dont les formes grêles
contrastaient avec l’excessif embonpoint de la famille.
Elle paraissait toute fière de sa parure que composaient
une robe de soie noire avec un fichu et un chapeau tout
pareils.
Au milieu de la case, à quelques pas du lit de Kéoua,
régnait nn large sofa de façon américaine, sur lequel
Koua-Keni fit asseoir le commandant et s’assit lui-même.
Lne petite table placée tout à côté complétait l’ameublement
de la pièce de réception, où plusieurs serviteurs
entretenaient la circulation de l’air, au moyen de grands
éventails en plumes qu’ils agitaient incessamment.
Quelque bizarre que pût paraître en détail l’accoutrement
du personnel réuni dans ce lieu, sans en excepter
Koua-Keni lui-même, avec son chapeau de paille, sa veste
et sa chemise en coton peint, son cou nu et son pantalon
d’un gris sale, l’ensemble de cette petite cour demi-
sauvage n’était pas sans dignité.
On ne se perdit {>as en longs compliments. Koua-Keni
seul parlait un peu l’anglais; il aurait fallu recourir
constamment à un interprète pour converser avec les
autres personnes de la compagnie. BI. Vaillant avait
d’ailleurs un meilleur moyen de se rendre agréable à
tous, dans les petits présents qu’il distribua à la ronde à
toutes les dames de la cour de Kéoua. Il pensait avec
raison que de semblables libéralités, placées à propos,
devaient produire un bon effet sur l’esprit des naturels
et les disposer, mieux que toutes les recommandations,
à bien traiter dans l’occasion les baleiniers français qui
viennent de temps à autre se ravitailler aux îles Sandwicb.
Église de Taïlua.
Koua-Keni avait surtout à coeur de montrer au commandant
l’église qu’il faisait construire et dont il était
fier comme d’un chef-d’oeuvre. Comme ils sortaient de
la case pour l’aller visiter, ils rencontrèrent plusieurs passagers
et officiers de la Bonite qui se joignirent à eux.
Koua-Keni remarqua avec satisfaction que le docteur ne
manquait pas au rendez-vous.
L’église de Tadua est un grand bâtiment construit en
pierres et couvert en bardeaux. Elle a cent vingt pieds
de long, quarante-huit pieds de large et vingt-quatre
pieds d’élévation sous plafond. A l’une de ses extrémités
s’élève le clocher formant kiosque et surmonté d’un coq
placé à cent quinze pieds du sol. Lne galerie intérieure
regne lout à l’entour de l’édifice, l.a chaire à prêcher y