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monde aux descriptions d’Homère. Si l’appétit était le
même, les mets étaient fort différents.
Entre Koua-Keni et sa femme Kéoua s’étalaient plusieurs
calebasses remplies de poisson cru, d’une espèce
de caviar, de taro, de cochon en ragoût et de jioué, mélange
aigrelet de farine de taro et de lait caillé, dont les
Sandwichiens sont très-friands. Kéoua engloutissait avec
béatitude d’énormes bouchées de ces mets favoris et sa
main puisait sans mesure dans les calebasses pleines.
Longtemps après que Koua-Keni eut fini de manger, les
doigts de sa chère moitié se promenaient encore avec
nonchalance du plat de poué à sa bouche, qui ne semblait
pas devoir se lasser de cet exercice. Cependant
M. Vaillant était là qui les regardait faire, et il ne vint à
1 un ni à 1 autre la pensée de lui offrir de prendre part au
festin. Peut-être supposaient-ils qu’il n’était point digne
de lui etre présenté, il est vrai que le commandant
ayant précédemment goûté du bout des lèvres un peu
de ce fameux poué , il l’avait trouvé détestable et n’avait
pu cacher son dégoût.
Di'piirt.
L’heure fixée pour le retour à bord arriva sur ces entrefaites
; les chasseurs revinrent la carnas.sière garnie de
quelques pluviers dorés. La corvette attendait en panne ;
on ne pouvait la laisser trop longtemps dans cette posi-
lion, où les courants l’auraient à la longue entraînée
vers la côte. Il fallul dire adieu aux amis d’Hawaii el se
rembarquer au plus tôt.
D’Hawaii à üalui.
A quatre heures et demie, le commandant et tous
ceux qui l’avaient accompagné se trouvèrent de retour
sur la Bonite, qui manoeuvra aussitôt pour s’éloigner.
La brise était faible et n’aidait que très-peu aux efforts
qu’on faisait pour échapper à l’action des courants. On
vit même les récifs de très-près. Il fallut employer les
embarcations pour remorquer la corvette au large ; mais
enfin le vent s’établit au N. à huit heures et demie du
soir et l’on fit route, sans autre contrariété, dans la direction
du N. O. demi O.
Le lendemain matin nos voyageurs se trouvaient dans
la direction du canal qui sépare Mawi d’Hawaii. Le veut
avait fraîchi et la mer était grosse. On distinguait à
peine les terres de Mawi et de Kahoolawe embrumées et
coiffées de nuages. Cependant Mawi, formée par deux
montagnes élevées que relient des terres plus basses, est
dans les meilleures conditions pour qu’on la distingue
ordinairement d’assez loin. La route fut modifiée de manière
à se rapprocher de Kahoolawe et de Lanai. A
l’abri de la première de ces îles la mer était moins
grosse; on trouva le calme près de la seconde.
Dès que la brise se fit sentir de nouveau, c’est-à-dire
à cinq heures du soir, la corvette se remit en marche