VOYAGE
point de cheminées et qu’on fait le feu au milieu de la
case pour la cuisson des aliments.
Intcneiir des litibitarions.
Le mobilier de ces rustiques demeures répond à la
simplicité de leur construction ; les pièces qui le composent
sont invariablement : les quatre pierres qui forment
au milieu de la chambre le fourneau dont je viens
de parler, le pot de terre qui les couronne et dans lequel
cuit le dîner de la famille, quelques calebasses, un bahut,
une jarre pour conserver l’eau, et (par-dessus tout \e
reste) le hamac de Guayaquil, qui pend d’un angle à
l’autre de l’appartement et dans lequel se balance la
maîtresse delà maison. Ajoutez quelques cordes tendues
ou s’aecrochent les vêtements, les filets de pêche, l’indispensable
puncho du maître, le poisson à sécher, et
vous aurez une idée complète des cases de Payta.
MoHiis des habitants.
Chacune d’elles donne l’abri de son toit de feuillages
à une nombreuse famille ; dans une seule chambre logent
quelquefois huit ou dix personnes : hommes, femmes,
enfants, sont couchés les uns près des autres, par terre,
sur de simples nattes.
Leur vie est sobre et frugale : ils se nourrissent principalement
de poissons, de fruits et de coquillages. Seu-
DE LA BONITE. 73
lement, comme l’eau est rare, qu’il faut la faire venir de
loin et la payer cher, ils lui préfèrent volontiers un petit
vin du pays, ou plutôt des environs, qui ne coûte guère
plus et qui contribue à les tenir en gaieté.
Ils sont gais, eu effet, ces simples enfants de la nature
péruvienne ; ils aiment surtout la danse et la musique ;
c’est ce dont on s’aperçoit aisément, quand on parcourt
le soir les rues de Payta. A cette heure, des accords
bruyants sortent d’un grand nombre de maisons et forment
un ensemble quelque peu sauvage et discordant, du
moins pour des oreilles européennes. Cette musique, où
se mêlent les sons des violons, des tambours et du sifflet,
est accompagnée de joyeux éclats de rire, de battements
de mains et marque la mesure sur laquelle s’exécutent
les danses du pays.
Ces danses sont presque toujours des danses de caractère
: elles figurent une action, dont l’amour fournit naturellement
le sujet. Tantôt c’est un homme et une femme
qui font assaut de grâce et de passion, aux applaudissements
de la société réunie en cercle autour des
danseurs; tantôt une troupe de quinze ou vingt enfants,
amours enrubanés, qui sautent ensemble sur
un pied, sur l’autre, secouant des banderoles, riant
et s’animant à qui mieux mieux, pour leur plaisir
d’abord et pour celui de leurs parents charmés de leur
souplesse.
Ces braves gens ne peuvent procurer aux étrangers
((ui les visitent beaucoup de distractions et d’amuse