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~Ui VOYAGE
les autres qui la reçoivent successivement par un mouvement
continu.
« Rien de plus frais que l’aspect de ces cultures dont
la verdure sans cesse ravivée par un arrosement perpétuel,
a un éclat et une douceur admirables.
Prairies.
f< En quittant les champs de taro, on trouve des
prairies non moins riantes qui s’étendent au loin dans
toutes les directions et qui sont divisées en plusieurs
enclos par des baies de freycinessia; là paissent une
multitude d’animaux dont les races ont été importées
d’Europe par les navires qui ont successivement visité
Oahu, et qui s’y sont propagés avec beaucoup de
succès.
Population de la campagne.
« De distance en distance des cabanes bordent le
chemin. Nous rencontrions à chaque pas des Kanakas
allant au travail; un peu de poisson sec qu’ils
portent enveloppé dans une feuille de bananier, doit
suffire à leur nourriture pendant toute la journée. Nous
fûmes témoins en passant de la toilette des jeunes
Sandwichiennes que la curiosité attirait hors de leurs
cases, les yeux encore à peine ouverts. Leur aspect n’a
rien de bien séduisant, et il faudrait beaucoup de poésie
pour embellir les traits qu’elles offrent à l’admiration
des passants. Une épaisse chevelure tombe en désordre
sur leurs épaules et cache à demi leur figure ; quelques
gouttes de rosée qu’elles recueillent sur les feuilles le
plus à portée, suffisent à leurs ablutions. Autrefois elles
auraient été se plonger dans les eaux limpides de la rivière
qui murmure à deux pas. Cela leur est interdit aujourd’hui
; la paresse y gagne ; mais la propreté y perd
beaucoup.
Daus la montagne.
« Après une heure et demie de marche, les maisons
deviennent de plus en plus rares; les cultures paraissent
moins régulières; la vallée se resserre et l’on ne voit plus
dans les fonds que l’arbre dont l’écorce sert à fabriquer
des cordes et des lignes d’une grande finesse. Cet arbre
est commun dans toutes les îles de l’océan Pacifique.
((Nous arrivâmes enfin, en montant toujours, dans un
sentier étroit bordé de bois touffus et de fougères dont
le tronc élevé a jusqu’à quinze pouces de circonférence.
Là se trouve, en grande abondance et croissant sans culture,
la plante que nous avons déjà désignée sous le nom
de freycinessia. M. Gaudichaud, qui l’avait observée
dans son premier voyage à bord de E Uranie, et qui le
premier en adonné la description, l’avait ainsi nommée,
en souvenir de M. de Freycinet, commandant de l’expédition.
« Le soleil s’était levé au-dessus des montagnes; ses
rayons dardaient en plein sur nous, et le calme de la vallée