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<levaienl intéresser vivement le commandant de la Flore.
Celui-ci, à son tour, ne pouvait maiKjuer d’olTrir à
M. Vaillant de précieux renseignements sur la situation
actuelle du Pérou et sur les importants événements (jui
venaient de s’y accomplir.
Coup d’oeil sur IV'tMt du Pérou.
.le n’ai ]>as Tintention de retracer ici l’histoire des agitations
qui avaient, quelques mois plus tôt, bouleversé
celle riche contrée et dont elle commençait à peine à se
reposer. Ce récit m’entraînerait Iroj) loin et dépasserait
les bornes que je dois m’imposer. Qu’il me soit permis
toutefois de jeter un coup d’oeil rapide sur ce qu’était le
Pérou avant la révolution qui l’a affranchi de l’Espagne,
et sur ce qu’il était devenu depuis; peut-être en ressor-
tira-t-il quelque utile enseignement.
Rien n’est plus légitime assurément, pour une nation
opprimée par une puissance étrangère et capable de
vivre de sa propre existence, que les efforts qu’elle fait
pour conquérir ou recouvrer son indépendance. Qui
songerait à reprocher aux Etats-Unis de l’Amérique du
Nord d’avoir secoué le joug de l’Angleterre? On ne saurait
davantage reprocher aux nouveaux Etats de l’Amé-
ri(jue du Sud d’avoir secoué le joug de l’Espagne. Mais
ceux (jui les premiers lancent tout un pays dans les hasards
d’une révolution assument une grande responsabilité.
Ec mieux n’est pas toujours le résultat immédiat
d'un brus(|ue cbaugemeiiL, et je ne sais si les nouvelles
républiques américaines y ont beaucoup gagné.
Le Pérou, avant l’émancipation, était le plus riche et
le plus beau fleuron de la couronne d’Espagne dans le
nouveau monde ; Lima, la ville des rois, comme elle aimait
à se qualifier, étalait sur la plage américaine toute
la splendeur des ca[)itales d’Europe. Ses vice-rois, puissants
et maguiik|ues; sa société, riche et choisie; sa
nombreuse pojndation, ses édifices, son commerce, ses
plaisirs et ses fêtes, rappelaient la jdiysionomie des villes
de l’ancien monde, ’fout cela est bien changé aujourd’hui.
Un jour viendra peut-être où, sous 1 influence
d’un bon gouvernement et de sages lois, le Pérou sera
un grand et puissant empire ; mais ce ne peut être que
l’oeuvre du temps et d’une civilisation encore bien peu
avancée.
Les colonies que fondaient les anciens n’attendaient
pas, pour se séparer de la mère patrie et vivre de leur
propre existence, un développement plus ou moins
avancé. Cela valait peut-être mieux. Le jeune rejeton,
implanté sur la terre étrangère, croissait et s’y dévelop-
|)ait en liberté. Faible d’abord, il prenait plus de force, à
mesure qu’il pouvait étendre ses branches, et devenait
avec le temps un grand arbre. Ainsi, Carlbage, fille de
l’opulente Tyr, fut-elle bientôt sa rivale en puissance et
en richesse. Dans les temps modernes, les colonies fondées
au delà des mers par les puissances de l’Europe ne
furent (pie des rameaux tenant encore au tronc corn-
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