: t
Mowua-Roa, vit avec joie s’offrir une occasion de réparer,
du moins en partie, ce qu’ils avaient perdu. Les
collections de M. Deel devaient renfermer des doubles ;
il n’hésita pas à demander au missionnaire de les céder
à M. Gaudicbaud; sa demande fut très-obligeamment
accueillie.
Tout le monde au surplus se loue du chapelain de
l’église des marins. Sa complaisance est telle, que non
content d’admettre dans sa bibliothèque tous ceux qui
veulent s’y livrer à la lecture, il confie sans difficulté aux
baleiniers les ouvrages qu’ils désirent emporter, sans
autre condition que leur promesse de les rapporter à
leur retour.
M. Vaillant sortit enchanté de chez M. Deel, se promettant
bien de le revoir souvent et après avoir accepté
de grand coeur l’invitation de venir le lendemain soii-
prendre le thé avec lui.
Réception du roi des Sandwich à bord de la Bonite.
Tout se disposait cependant à bord de la Bonite pour
la réception du roi des îles Sandwicb. Le commandant
tenait à présenter sa corvette sous l’aspect le plus
propre à produire sur Taméaméa III une impression
favorable à ses desseins. C’était d’ailleurs pour l’équipage
une question d’amour-propre; personne ne se
ménagea.
Le 12 octobre, à dix heures du matin, suivant ce dont
on était convenu d’avance, trois canots de ia Bonite,
sous la conduite de M. de Brégeas, lieutenant de vaisseau
et de deux élèves, furent expédiés au-devant du
roi. Lne heure plus tard, la petite flottille, augmentée de
deux autres embarcations appartenant à Kanikéaouli,
traversait de nouveau la rade portant ce prince et sa
nombreuse suite.
Dans le premier canot était le roi avec sa soeur Kinau ;
le marijde celle-ci (Kekuauoa), gouverneur du fort d’Honolulu
et Haalilio, secrétaire de Sa Majesté sandwichienne,
avaient seuls été admis dans la même embarcation.
Taméaméa III s’était mis , ce jour-là , en costume de
grande cérémonie. Il portait un uniforme très-riche et
assez frais de feld-marécbal péruvien, dont les éclatantes
broderies contrastaient avec la simplicité de la toilette
de sa soeur, vêtue d’une robe de soie noire, comme la
première fois.
Ln salut de vingt et un coups de canon répétés par
tous les échos du rivage, signala l’arrivée du souverain
des Sandwich. En mettant le pied sur le bâtiment
français, Kanikéaouli fut reçu par le commandant entouré
de son état-major. L’équipage était sous les armes
et le tambour battait aux champs.
Cet aspect militaire, la tenue imposante du bâtiment,
la précision des manoeuvres de nos marins, la grandeur
du navire, l’ordre parfait qu’on y voyait régner, tout ce
qu’il vit en un mot, sembla frapper d’admiration et de