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bonnes relations qu’ils avaient eues pendant son séjour.
Il distribua aussi quelques bijoux semblables aux femmes
de chefs qui formaient la suite de Nahiénahéna, et il se
disposait à prendre congé, quand la princesse témoigna
le désir de l’accompagner chez Kinau.
Une petite voiture attendait à la porte de sa maison ;
M. Vaillant lui offrit son bras pour l’y conduire et elle
s’y plaça avec sa dame d’honneur favorite, jeune personne
d’un extérieur fort agréable, fdle d’un Anglais
nommé Young et d’une Sandwichienne.
Les fonctions de cette dame auprès de sa maîtresse se
bornaient à agiter autour de sa tête le chasse-mouches
en plumes de couleur; mais l’affection dont elle l’entourait
la rendait, bien plus que son éventail, nécessaire à
Nahiénahéna.
Des Kanakas traînaient la petite voiture, et ce fut en
cet équipage que la soeur bien-aimée de Kanikéaouli se
rendit chez Kinau, tandis que le roi et le commandant
faisaient à pied le même chemin.
Ils entrèrent ensemble chez la gouvernante d’Oahu
ou plutôt la régente du royaume, Nahiénahéna s’appuyant
sur le bras du commandant.
Jamais Kinan ne s’était montrée si gracieuse; elle
exprima avec vivacité à M. Vaillant ses regrets de le
voir partir, persuadée, disait-elle, qu’il était véritablement
l’ami du pays. Elle ajouta que le séjour de la Bonite
à Honolulu avait été un événement heureux dont le souvenir
ne serait pas perdu.
Détachant ensuite, avec une certaine grâce, une guirlande
de plumes jaunes qui entourait sa tête, elle l’offrit
au commandant en le priant de la garder en mémoire
d’elle. Elle joignit à ce présent un élégant chasse-mouches
chef-d’oeuvre de l’industrie indigène.
M. Vaillant lui recommanda de nouveau les deux
Français qu’il laissait à Honolulu. Elle s’engagea à les
protéger de tout son pouvoir et à seconder les bonnes
intentions de son frère à leur égard.
Après de nouvelles protestations d’amitié, on se dit
mutuellement adieu. Quand il serra la main du commandant,
le roi avait les larmes aux yeux. « Non, pas
adieu, dit-il, mais à revoir, car vous êtes mon ami et
j’espère que vous reviendrez. «
Le commandant, ému lui-méme, se retira le coeur
gros de soupirs; l’affection que lui témoignait le bon
Kanikéaouli paraissait trop sincère pour qu’il pût s’éloigner
de lui sans regrets.
Le reste de la soirée fut consacré aux visites que
M. Vaillant devait à toutes les personnes qui l’avaient si
bien accueilli à Honolulu, particulièrement à MM. Reynolds,
Wood et Charton.
MM. Wood, dont je n’ai pas encore parlé, sont deux
frères venus de la Nouvelle-Orléans aux îles Sandwich.
Ils parlaient français, ce qui rendit d’autant plus agréables
les rapports que les officiers de l’expédition eurent
avec eux. M. Vaillant leur dut de très-bons renseignements
sur la population blanche d’Honolulu.