Quand les cargaisons qui leur son! consignées oui été
vendues et leur valeur réalisée, ils sont obligés d’attendre
l’occasion incertaine du départ d’un bâtiment de l’État
pour expédier leurs fonds en France; et lorsque ces fonds
sont partis, il faut encore attendre que le bâtiment qui
les porte parvieuue, après bien des retards et des relâches
multipliées , à atteindre un jiort de France; qu’on
en ait donné avis aux destinataires des valeurs embarquées
et qu’enfm, les valeurs aient été remises à ces
derniers. Ce n’est qu’après tout cela qu’on peut songer
à de nouvelles expéditions.
Comment en serait-il autrement, en l’absence de tout
titre négociable? Certes, nul n’éprouve d’inquiétude sur
l’exacte remise des fonds confiés aux commandants de
nos bâtiments de guerre. La garantie de leur honneur
vaut toutes les garanties commerciales ; mais si elle rassure
pleinement les expéditeurs, elle ne peut être escomptée
comme on escompte des litres en règle.
Aussi a-t-on souvent demandé, depuis plus de vingt
ans, que le transport des valeurs du commerce à bord
des bâtiments de l’État se fît, non plus à titre gratuit,
niais moyennant un fret au prix duquel l’État ou les
commandants seraient rendus responsables et délivreraient
aux chargeurs des titres équivalents à ceux qu’obtiennent
les expéditeurs de valeurs par bâtiments de
guerre anglais.
Jusqu’à présent ce voeu n’a pu être exaucé. Il est en
effet peu compatible avec le sentiment d’honneur qui
interdit aux officiers de la marine militaire toute initiation
dans des opérations de commerce. C’est du moins ce
qu’on a pensé, e t, bien que cette raison n’ait pas été
goûtée de tout le monde, on n’en saurait pourtant m éconnaître
la valeur. La carrière militaire n’est point le
chemin de la fortune. Elle n’offre pour récompense à
ceux qui s’y consacrent que la considération si bien due
au dévouement désintéressé, à cette fleur de délicatesse
dont nos officiers de marine se sont toujours piqués. Il
faut donc bien se garder de lout ce qui, à tort ou à raison,
pourrait y porter quelque atteinte.
Services qu’auraient pu rendre les paquebots transatlantiques.
Est-ce à dire qu’on ne puisse rien faire pour procurer
au commerce français l’aide et les facilités qu’il a si instamment
réclamées? Non, sans doute. Aussi le gouvernement
s’est-il vivement préoccupé de cette question.
Sa solution entrait pour beaucoup dans le projet d’établissement
d’un service régulier de paquebots militaires
entre la France et l’Amérique; projet arrêté en 1840,
pour l’exécution duquel tout était déjà préparé au bout
de quatre ans et dont il est permis de regretter l’abandon
ultérieur, alors que les dépenses de premières mises
étaient consommées.
Il ne m’appartient pas de discuter la valeur des raisons
qui ont donné gain de cause aux adversaires de
l’institution des paquebots militaires. Pour eux la ques