tout à l'ail insuiïisaules dont le vice-roi Laserna disposait
encore. Ce ne lut pas toutefois sans combattre, et la
guerre se continua pendant plusieurs mois avec des
cbances à peu près égales. Mais enfin la bataille livrée,
le 9 décembre 1824, dans les cbamps de Guamanguilla,
décida la question. Laserna, grièvement blessé, tomba
au pouvoir du vainqueur avec les généraux et autres
chefs des troupes royales. Lue capitulation rendit Bolivar
maître des positions (pii tenaient encore, notamment
de la forteresse du (îallao.
De ce moment fut accomplie la grande révolution qui
a fait du Pérou un Etat indépendant; indépendant de
rEspagne du moins, mais non des factieux du dedans ou
des ambitieux du dehors. A peine constitué, nous le
voyons de nouveau eu guerre avec la Colombie ; son
[U'ésident Lamar défait par Garnarra, qui s’impose à son
tour comme chef suprême ; Sallabéry se révoltant contre
ce nouveau chef, aidé sous main par Orbégoso, mais
forcé de céder pour reprendre [ilus tard ses projets ambitieux
contre Orbégoso lui-même, devenu président
après Garnarra; Orbégoso, appelant à son aide le président
de la Bolivie, Santa-Cruz, e t, pour sauver sa
projire autorité, lui livrant le Pérou.
Arrêtons-nous là, car c’est à ce point qu’en étaient les
choses au moment du passage de la Bonite. Sallabéry,
défait et pris, avait été fusillé avec plusieurs de ses adhérents.
Santa-Cruz, déclaré chef jirovisoire et suprême
protecteur de l’État S. péruvien, n’attendait plus qu’un
vote prévu de l’assemblée convoquée à Huaura pour
étendre aussi sa domination sur les provinces du N.
Orbégoso conservait bien encore le titre de président,
mais il n’avait plus qu’un semblant d’autorité; il n’était,
eu réalité, que le ministre des volontés de Santa-
Cruz.
On s’applaudissait cependant au Callao de cette conclusion
des événements. Peu de mois auparavant, Sallabéry,
maître alors du Callao et de Lima, était considéré
comme le représentant et le défenseur de la nationalité
péruvienne; il avait pour lui la majeure partie des habitants.
Vaincu et mort, il ne laissait aujourd’hui d’autre
souvenir que celui des maux inséparables des luttes sanglantes
dont il s’était fait l’instigateur. Le commerce, paralysé
complétementpendant la guerre, commençait d’ailleurs
à reprendre : c’était un motif pour saluer le présent
et lui sacrifier le passé. En temps de troubles et de révolutions,
toute trêve au désordre, toute balte dans le mouvement
révolutionnaire, est acceptée comme un bienfait,
saluée comme une es[)érance ou comme l’aurore de
jours meilleurs.
Et pourtant on n’était pas sans inquiétudes de l’avenir.
On craignait la guerre avec le Chili. Le motif de
cette crainte était le refus fait par Orbégoso de ratifier un
traité avantageux à la république chilienne consenti par
Sallabéry quelque temps aupara- «nt. A cette première
raison de présager une rupture, s’ajoutaient les préparatifs
peu dissimulés ipie le général Freire faisait au Pé-
Boüite. — Relation du voyage, 'l’omo [i. 3