forme une baie aux gracieux contours. Un joli village
s’abrite sur les bords de cette baie, dans laquelle les pirogues
peuvent seules entrer.
(( M. Gaudicbaud, en évitant de nous prévenir, voulait
jouir de l’impression que ce magique tableau ne
maïupierait pas de faire sur nous comme sur tous ceux
qui le voient pour la première fois : il dut être pleinement
satisfait. Nous ne nous lassions pas d’admirer.
« On connaît la tragique histoire qui a rendu le Paris
célèbre et dont le souvenir ajoute un charme poétique à
l’asjiect si pittoresque du lieu. Poursuivis par Taméaméa
vainqueur, les restes des guerriers du roi de Oabu ne
voulurent point survivre à leur défaite. Plutôt périr que
de se rendre ! telle fut leur résolution unanime; quand
la terre manqua sous leurs pas fugitifs, ils se lancèrent
résolument au fond du [irécipice que leur trépas a immortalisé.
Ce trait d’béroisme peut être mis en parallèle
avec les plus beaux que nous offre l’antiquité. Le Paris
n’a rien à envier aux Thermopyles.
« Nous étions arrivés au terme de notre course; je
m’assis un moment pour esquisser un dessin du Paris,
et bientôt je m’y trouvai seul. M. Gaudichaud , déjà
parti, poursuivait dans les montagnes la recherche des
plantes dignes de figurer dans sou herbier ; tandis que
M. Souleyet, en se dirigeant vers la ville, entrait dans
toutes les cases. 11 espérait trouver quelques échantillons
de zoologie dont il pourrait obtenir la cession en échange
des verroteries dont il s’était muni dans ce but.
<< Mon dessin terminé, je me mis en devoir de retourner
aussi vers Honolulu et j’eus bientôt rattrapé
M. Souleyet. Nous visitâmes ensemble plusieurs habitations
et ce ne fut pas sans profit pour ses collections.
Suivant le cours de la rivière, nous descendions en côtoyant
ses rives, lorsque le bruit d’une cascade vint
éveiller notre curiosité. Pour moi c’était une bonne fortune;
car ce bruit m’annonçait le voisinage de quelque
site pittoresque à dessiner.
Le bain.
(( Nous avancions avec précaution sur un terrain glissant
et accidenté. Nous parvînmes ainsi en peu de temps
jusqu’au bord du rocher d’où la l'ivière se précipitait mugissante
, d’une hauteur de vingt-cinq pieds dans un joli
bassin aux rives ombreuses et tapissées de verdure.
« Tel devait être le lieu solitaire où la chaste Diane
prenait, avec les nymphes de sa suite, les plaisirs du
bain, quand Actéon la surprit pour son malheur. La
ressemblance nous parut frappante. Il y avait bien de
quoi; car, nouveaux Actéons, nous avions devant les
yeux le même spectacle que lui.
(( Ln essaim de jeunes filles s’ébattaient gaiement et
sans voiles dans l’eau limpide du bassin, renouvelant
pour nous, sans s’en douter, les exercices aquatiques qui
rendaient les femmes sandwichiennes si attrayantes an
(omps de Cook et de Vancouver.