iiienls, mais ils les acciieillem cordialement et leur offrent
de bon coeur tout ce qu’ils ont.
L’aspect particulier et tout à fait pittoresque des lieux
et tie la po[)ulation devait naturellement réveiller le goût
du dessin parmi les jeunes officiers de la Bonite; ce fut
ce qui arriva : portraits et paysages naissaient sous le
crayon ou le pinceau de tous les officiels; les habitants,
témoins de ces travaux, s’en montraient émerveillés.
Bientôt chacun voulut avoir sou portrait de la main de
nos Apelles improvisés. Hommes et femmes venaient à
l’envi présenter leur visage à croquer ; ce ne fut pas sans
peine qu’on put s’affranchir de leur importunité et faire
un choix, car personne à bord n’aurait voulu affliger ces
bonnes gens. Comment les refuser?... Il n’y avait qu’une
ressource : c’était de ne pas comprendre leur langage; elle
fut souvent employée. On suppose bien que ce n’était
pas quand il s’agissait de prendre les traits de quelque
figure bien accentuée, caractérisant le type de la race
indigène, on ceux des jolies femmes de l’endroit.
Car il y a de jolies femmes à Payta, bien que leur teint
soit un peu foncé et accuse leur origine indienne. Les
plus remarquables paraissent venir de Piura, ville plus
considérable que Payta, située à une douzaine de lieues
dans l’intérieur. Piura est la plus ancienne cité fondée au
Pérou par les Espagnols ; malgré son importance relative
, ses maisons sont construites en bambous comme
a Payta et par la même raison : la crainte des tremblements
de terre, qui sont très-fréquents dans le pays.
Paysans des environs de Payta
Le marché de Payta, assez mal pourvu du reste, est
approvisionné par les habitants des villages les plus rapprochés.
Les Catacaus, situés à six lieues du port, viennent y
vendre leurs légumes ; les femmes de Colan, autre village
distant de trois lieues sur la côte, y portent du poisson
et des coquillages. Leur costume singulier mérite
une mention spéciale : il se compose d’une sorte de grand
sac de laine noire, percé d’un trou qui laisse passer la
tête, et deux autres par où sortent les bras ; il est serré
à la ceinture par un cordon noir. Quelquefois un mouchoir
blanc jeté sur les épaules complète la modeste toilette
et fait ressortir l’ébène de beaux cheveux noirs qui
tombent sur le dos en longues tresses.
Les Catacaus portent des culottes courtes, des guêtres
de cuir et un long puncho, qui descend jusque sur leurs
talons; le chapeau de paille à grands bords est la coil-
fure obligée des hommes et des femmes.
Société.
Dans tout ce que je viens de dire il n’est pas question,
comme on le pense bien, des cinquante ou soixante Européens
et Américains do N. établis à Payta, non plus
que de quelques maisons péruviennes qui partagent