VOYAGi;
La traversée de Valparaiso à Cobija ne devait rien offrir
de remarcpialde. La Bonite naviguant parallèlement
à la côte, à une distance de trente ou trente-cinq lieues,
sillonnait doucement une mer belle, quoiqu’un peu
bouleuse, par un beau temps et avec des brises modérées,
variant du S. O. au S. E. Le ciel était souvent
couvert, l’atmospbère humide et embrumée. Le thermomètre,
qui dans le milieu du jour marquait de 16 à 17°,
descendait la nuit à 14 et à 13°. 11 faisait froid ou du
moins très-frais, dès que le soleil disparaissait à l’horizon
; l’équipage s’en ressentit. Les angines, les maux
de gorge, les douleurs d’entrailles maintenaient journellement
une quinzaine d’hommes au poste de l’hôpital ;
le commandant lui-même était constamment souffrant.
Rien d’ailleurs ne vint interrompre la monotonie du
voyage. Quelques oiseaux, pétrels ou damiers, habitués
de ces parages, des troupes de marsouins qu’on retrouve
partout, des baleines soufflant de temps en temps à quelque
distance du navire, furent les seuls êtres vivants
que nos voyageurs rencontrèrent.
Le 30 juin, dans la soirée, ia Bonite était parvenue à
la hauteur de la pointe Mexillones, à trente-six milles
environ de Cobija. M. Vaillant fit gouverner vers la côte
afin de se trouver le matin en position favorable, pour
entrer dans la baie de Cobija dans le courant de la
DE LA BONITE, 7
journée. A sept ou huit milles de la pointe Mexillones,
la brise s’éteignit tout à coup. 11 était minuit. On mit en
panne.
Signal auquel on reeonnaît le port de Cobija.
Le port de Cobija est signalé aux navigateurs par un
mât de pavillon, placé près du rivage et sur lequel
flotte un pavillon blanc. Ce signe de reconnaissance ne
peut être aperçu de bien loin. Pour ne pas manquer
l’entrée du port, il est indispensable de se tenir à proximité
de la côte. La Bonite s’en trouvait éloignée de trois
milles environ, à huit milles dans le N. de la pointe
Mexillones, lorsque les premières lueurs de l’aurore permirent
de distinguer les objets. Elle poursuivit sa route
en côtoyant la terre. Vers les onze heures du matin,
quand le soleil parvint à dissiper la brume épaisse qui
jusque-là interceptait ses rayons, on était déjà assez près
pour distinguer en avant de la corvette le pavillon indicateur.
Roches pouvant servir d’iudi(;ations en temp.s de hriirno.
M. Vaillant remarque que la pointe basse formant la
partie N. de la baie de Cobija, et près de laquelle est
situé le mât de pavillon , peut être reconnue à quelques
roches noires qui se détachent sur le fond du rivage et
qu’on prendrait de loin pour de petits îlots.
Il signale aussi, comme moyen de reconnaissance en