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tout autres dispositions. Pour les chefs, en effet, la loi
n’a rien de rigoureux. Si le roi est nominalement le seul
propriétaire , c’est à eux qu’appartiennent en réalité les
terres qn ils sont censés tenir à fief, puisque la transmission
à leurs enfants après eux a toujours lieu sans
contestation et sans qu’il soit nécessaire d’une nouvelle
investiture en forme. Or, ces fiefs leur donnent une autorité
à peu près absolue sur les Kanakas établis dans les
terres qui en dépendent, de telle sorte que, malgré son
pouvoir despotique, le roi ne peut disposer de ses sujets
sans l’assentiment des chefs. C’est aux chefs qu’il doit
s’adresser pour recruter ses troupes, à eux qu’il est forcé
de demander les hommes dont le secours lui est néces-
saire.
C’est, comme on voit, la féodalité du moyen âge sous
le despotisme d’nn roi.
De l ’autorité royale; du tabou.
L’autorité royale a souffert une grave atteinte des idées
nouvelles que les étrangers ont introduites aux Sandwich.
Autrefois, environnée de respect et de vénération, elle
empruntait un prestige irrésistible des croyances religieuses
du peuple qui considérait comme une monstruosité
la violation du tabou. (Ce mot dans le langage du
pays signifie sacré, inviolable, défendu. Il s’appliquait
aux choses aussi bien qu’aux personnes.)
Au temps de Taméaméa 1“, le roi seul était tabou,
pour tous et en tout temps. Sa personne et tout ce qui
Ini apjiartenait étaient sacrés. De là son pouvoir illimité,
car aucun de ses actes, si exorbitants qu’ils pussent être,
n’eût justifié celui qui eût voulu lui résister ou l’en
punir.
Quelques grands chefs avaient seuls le droit de l’approcher.
Le peuple se prosternait devant lui, et si le roi
honorait de sa présence une maison, elle était brûlée ensuite
, personne n’étant réputé digne d’y entrer après
lui.T
améaméa, vmdant reconnaître les services importants
que certains chefs et quelques Européens lui avaient
rendus, commit la faute de les tabouer. On leur rendit
dès lors les mêmes honneurs qu’à lui-même. Son nom
de ce jour-là n’avait plus de signification ; il n’était plus
seul, et le tabou royal avait perdu la moitié de son prestige.
Lio-Lio qui lui succéda avait été élevé par des étrangers.
Ceux-ci, jaloux d’un titre que le vieux roi avait
accordé seulement à quelques-uns pour d’éminents services
rendus à sa cause, représentèrent à Lio-l.io le tabou
comme une puérilité. Le prince sans expérience
laissa tomber de ses mains cette arme puissante, qui faisait
la principale force de ses prédécesseurs. Les prédications
des missionnaires et les idées nouvelles rju’ils
inculquèrent an peuple touchant la religion, firent le
reste.
Le roi esl bien encore tabou, puisque sa jjersonne est