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a cheval du cote du Paris; M. Vaillant accepta la proposition.
Il ne pouvait se méprendre sur l’intention qui
l’avait dictée, il voulut y répondre tout de suite en offrant
a Taméaméa III un sabre que le roi des Français, ajouta-
t-il, lui avait donné pour reconnaître les bons procédés
dont les voyageurs de la Bonite seraient l’objet pendant
la campagne. Je n’ai pas besoin d’ajouter que le cadeau
fut agréé avec empressement.
Kanikéaouli, surnommé Taméaméa III, est grand
comme la plupart des individus de la race des chefs
sandwichiens. Sa figure exprime la douceur et la bonté.
Son corps, bien proportionné dans sa taille, ne manque
ni de grâce ni de souplesse. Il portait fort bien le riche
uniforme dont il s’était paré en venant à bord ; mais
c est surtout à cheval qu’il se montre à son avantage.
L’équitation est son exercice favori, et M. Vaillant ne put
s’empêcher d’admirer son habileté à manier un cheval,
lorsqu’il partit avec lui, le samedi 15 octobre, pour la
promenade arrêtée la veille.
J’ai déjà décrit les lieux qu’ils parcoururent ensemble
pour monter au Paris ; je n’ai point encore parlé de la
maison de campagne que le roi possède à quelque distance
et presque sur la route.
Cette habitation, où ils firent halte en allant et en revenant,
n offre rien de remarquable en elle-même ; mais
elle est admirablement située. La belle vue dont on y
jouit, les grands arbres qui l’ombragent, la disposition
du terrain heureusement accidenté, des eaux abondantes
et limpides fournies par une cascade très-pittoresque,
contribuent ensemble à rendre ce séjour délicieux.
Il n’y manque qu’une maison propre et commode. Le
roi paraissait d’ailleurs disposé à remplir cette lacune,
selon le conseil que lui en donna le commandant.
Il était six heures du soir quand ils rentrèrent à Honolulu.
Kanikéaouli insista pour retenir son hôte à souper.
Le couvert se trouvait déjà mis et le repas servi à
l’européenne, d’après les usages anglais.
La conversation roula sur la famille du roi. Celui-ci
voulut bien donner par écrit à M. Vaillant les noms de
tous les individus qui la composent et sur lesquels il lui
fournissait verbalement des détails qu’on trouvera dans
un des chapitres suivants.
On parla aussi des beautés du site qui avait été le but
de la promenade, et le prince saisit cette occasion pour
dire au commandant qu’il désirait lui donner, en ce lieu
même, ainsi qu’à tous ses compagnons de voyage, une
fête champêtre qu’il désigna sous le nom de Louaou. 11
fut convenu que ce serait pour le mardi suivant, \ 8 octobre.
Mais en attendant, on se promit mutuellement de se
revoir le lendemain et d’assister ensemble à l’office du
dimanche, dans l’église de la mission, que M. Vaillant
n’avait pas encore vue et où devaient se trouver réunies
toutes les personnes de la cour et la population chrétienne
d’Honolulu.