niim, vivant de sa vie, recevant de lui leur force et leur
subsistance, mais à condition d’en dépendre toujours et
de lui tout rapporter.
Des colonies fondées sur ce principe ne sont qu’une
extension du territoire métropolitain. Elles peuvent accroître
sa puissance et sa ricbesse; mais à un jour
donné, le jour où elles seront négligées par la mère
patrie, le jour où elles pourront vivre sans son secours,
le jour surtout où elles s’apercevront qu’elles ont moins
d avantages que d’inconvénients à rester sujettes, elles
s’en sépareront violemment. C’est un résultat inévitable;
un peu plus tôt, un peu plus lard, il doit arriver pour
toutes les possessions européennes de quelque importance
au delà des mers.
Il faudrait bien se garder toutefois de penser que, du
jour de leur émancipation, datera l’accroissement de
leur prosjtérité. Bien des épreuves, bien des embarras,
bien des souffrances, bien des tâtonnements, bien des
troubles, bien des ruines, doivent précéder le paisible
développement de leur grandeur future. Ce n’est point la
génération auteur du mouvement qui en recueillera le
fruit.
Les anciennes colonies espagnoles en ont fait la dure
expérience, et le Pérou, sous ce rapport, a été le plus
ïiialtraité.
Les classes les plus favorisées de la fortune en avaient
le pressentiment; aussi se montrèrent-elles, dès le prin-
ci])e, fort peu disposées à cbanger de régime. Déjà la
révolution s’élait presque partout accomplie, que le Pérou
tenait encore aux liens qui l’attachaient à la mère
patrie. Il résistait à toutes les incitations qui lui venaient
des contrées voisines émancipées, particulièrement du
Chili. Ce n’est pas que dans son sein ne se fût aussi
formé un parti qui cherchait à faire prévaloir les idées
nouvelles ; mais ce [¡arti, s’appuyant principalement sur
la population indigène ou métisse, n’en était que plus
antipathique à tous ceux qui avaient conservé pur le
sang espagnol et gardé le fier sentiment de leur origine.
C’est ce qui donna au vice-roi et aux chefs commandant
sous ses ordres les forces espagnoles le moyen de se soutenir
si longtemps après que tout était tombé autour
d’eux. Si la métropole se fût trouvée dans ce moment
en état de venir à leur aide, s’ils avaient pu en recevoir
quelques secours, le Pérou aurait été peut-être conservé
pour longtemps encore à l’Espagne. Mais l’Espagne elle-
même, asservie d’abord par Napoléon, faible sous le règne
de Ferdinand Yll restauré, tourmentée ensuite par les
factions et la guerre civile, n’était plus en état de songer
à ses colonies. C’était un corps en dissolution, dont tous
les membres tombaient les uns après les autres. Si 1 on
peut s’étonner d’une chose, c’est que Cuba lui soit reste.
Cependant le Pérou, envahi une première fois par
San Martin et l’armée chilienne, en 1821, n avait pas
entièrement échappé à l’autorité espagnole ; Bolivar vint
de la Colombie lui inqtoser la liberté. Les armes victorieuses
du libérateur eurent facilement raison des forces