Pluies torrentielles.
A partir de la, en effet, commença une série de journées
orageuses, pendant lesquelles la Bonite essuya un
véritable déluge. La pluie tombait avec une telle abondance,
dans les averses fréquentes qui fondirent sur elle,
qu’on put en un seul jour constater la chute de quatre-
vingt-douze millimètres d’eau; c’est la sixième partie environ
de ce qu’il en tombe communément à Paris pendant
l’année entière. D’autres journées fournirent de soixante-
dix à soixante-quinze millimètres; sans parler des quantités
moindres , mais encore très-considérables qu’on
recueillait tous les autres jours.
Maladies causées par la chaleur et l’humidité.
Un pareil temps, joint à la chaleur étouffante de
l’atmosphère, devait exercer une fâcheuse influence sur
la santé de l’équipage. Ce fut en effet ce qui arriva.
L’hôpital se peupla de malades, dont le nombre croissait
de jour en jour, malgré toutes les précautions hygiéniques
que le commandant faisait scrupuleusement
observer.
Tout le monde à bord se trouvait plus ou moins incommodé
de cette humidité chaude au milieu de laquelle
on était condamné à vivre. Supplice nouveau pour les
habitants de la Bonite, qui n’avaient encore éprouvé
rien de semblable depuis leur départ de France !
Tout moisissait dans le bâtiment; les vivres se gâtaient
; les métaux eux-mêmes, partout où un épais enduit
de corps gras ne préservait pas leur surface du
contact de l’air, s’oxydaient profondément en quelques
heures.
Les contrariétés continuent.
Pendant ce temps, les vents continuaient à être défavorables
et changeaient constamment de direction.
Quelquefois ils inclinaient vers le S. O. et M. Vaillant
cherchait alors à tirer parti de ces variations de la brise,
pour s’élever dans le N., sans trop perdre de chemin à
r o . ; afin d’atteindre les parages où il espérait trouver
l’alizé du N. E. Quand le calme survenait, on reprenait
les expérimentations sur l’eau de la mer, avec le
thermométrographe et l’appareil de M. Biot*. Ces expériences,
et les exercices journaliers du bord faisaient un
peu diversion à l’ennui de la traversée.
Un jour, un requin de six pieds et demi de long vint
dans les eaux de la corvette ; sa capture fournit à l’équipage
un moment de distraction.
31 août ; on commence à éprouver la première influence des vents alizés.
Dans la nuit du 29 au 30 août, à la suite d’un violent
orage, les vents qui contrariaient la marche de la Bonite
’ V o y . la d e s c r ip t io n e t T u s a g e d e c e t a p p a r e il d a n s la p a r t ie p h y -
s iq u e d e c e t o u v r a g e .
Bonite. — Relation du voyage. Tome II. 11