tioii se présentait clans des termes qui devaient la faire
trancher comme elle l’a été. Le service projeté était à
leur point de vue une entreprise sujette aux chances de
perte on de gain, qu’on devait tenter on abandonner
suivant qu elle présentait ou non des {trobabilités de
bénéfices pour l’État.
Partant de ce point, ils calculaient d’une part la dépense
à faire, de l’autre, les recettes probables, et concluaient
de la comparaison que le service serait onéreux.
D’un autre côté, des compagnies se présentaient pour
exploiter l’ojiération à leur propre compte, moyennant
une subvention déterminée d’avance. Ne valait-il pas
mieux la leur abandonner par application de ce principe
alors fort goûté, que l’État ne doit point faire concurrence
an commerce et se charger d’opérer par lui-méme,
sauf le cas démontré d’impuissance de l’industrie privée.
Cet avis prévalut et l’on sait aujourd’hui comment le
succès y a répondu?
Des quatre lignes de correspondance maritime projetées
en 1840, aucune n’a pu s’organiser. Mais eût-on
mieux réussi, un service fait par des compagnies commerciales,
avec des paquebots qui dès lors ne conservaient
plus rien des privilèges et des garanties des bâtiments de
guerre, n’aurait peut-être pas réalisé , au point de vue
spécial qui nous occupe, tous les avantages qu’on avait
justement attendus d’un service purement militaire.
Celui-ci, conçu entièrement dans une pensée de protection
et d’assistance pour notre commerce transatlanlicpie,
devait certainement occasionner à l’État des dé-
|)enses actuelles sans compensations pécuniaires. Son
avantage, au point de vue des intérêts du trésor public,
étaient tout entiers dans le développement des relations
commerciales de la France au delà des mers ; développement
qu’il eût incontestablement favorisé et dont le
résultat pour le trésor eût été , dans un avenir plus ou
moins prochain, tm accroissement des recettes de la
douane. Mais calcule-t-on les dépenses que nous coûte
l’entretien de nos stations navales et, parce que ces stations
ne rapportent rien an trésor, est-il quelqu’un qui
voulût proposer de les supprimer?
L’institution des paquebots militaires était, ce me
semble, sollicitée par le même intérêt que l’entretien de
nos stations. Elle aurait complété les services que les
stations sont appelées à rendre et permis de diminuer
les dépenses qu’elles entraînent.
C’est du moins ce qu’avaient pensé de très-bons esprits
en 1840 ; s’ils se trompaient, ce que je ne crois pas,
il est permis de se tromper encore dans le même sens ;
car l’expérience n’a pas prononcé.
Un jour viendra sans doute où la même idée se produira
de nouveau, plus ou moins modifiée. Peut-être regrettera
t-on alors d’avoir perdu un temps précieux, que
nos rivaux plus constants dans leurs projets et leurs tentatives
auront utilement employé.
En attendant, il y aurait peut-être encore un moyen
d’assurer à nos négociants dans la mer du Sud l’assis