ment la faculté de retenir dans des établissements de détention
pénitentiaire les plus dangereux et les plus endurcis,
et de faire de la liberté relative accordée aux
colons une sorte de récompense accordée d’abord seulement
à ceux cpie recommande la régularité de leur
conduite de{)uis leur condamnation.
Rien ne s’opposerait non plus, ce me semble, à ce
que cette destination fût toujours donnée aux condamnés
graciés, que la société repousse aujourd’hui, en souvenir
de leur faute expiée, et qui trouveraient à faire dans leur
nouvelle patrie un emploi plus facile et plus honorable
de la liberté qui leur est rendue.
Exemple de Mettray cité à l’appui de ce qui précède.
Ceux qui ont visité la colonie agricole de Mettray,
que M. Demetz, son fondateur, dirige avec tant de
bonheur et de succès, ont sans doute été frappés comme
moi d’un fait remarquable qui semble justifier la théorie
que j’ébauche ici. Les jeunes détenus pris dans les maisons
de correction par M. Demetz et admis par lui à
Mettray, ne sont retenus là ni par des gardes, ni par des
murailles. Ils sont réunis dans un établissement rural
ouvert de tous côtés et situé à peu de distance de la ville
de Tours. Que de facilités pour ceux qui voudraient
s’évader! Pas un n’y songe.
Ce sont des enfants, dira-t-on. Oui, mais des enfants
pervertis dès le jeune âge ; des enfants qui ont passé devaut
les tribunaux; des enfants qui, placés naguère dans
les maisons de correction, savaient déjà trouver le
moyen de s’en échapper.
Il est vrai qu’on les choisit et qu’on n’admet pas indistinctement
à Mettray tous les petits vauriens qui ont
eu affaire à là justice. 11 est vrai aussi que tous les moyens
démoralisation, instruction religieuse, travail réglé, conduite
toute paternelle, conseils, encouragements, récompenses
et (comme ressource extrême) punitions sévères,
sont mis en usage avec une prudence, une charité, une
intelligence et une persévérance admirables.
Serait-il donc impossible de réaliser, avec des hommes,
quelque chose d’analogue à ce qui se fait à Mettray avec
des enfants ? La différence d’âge n’est pas une raison suffisante
d’en désespérer. L’homme et l’enfant ont les
mêmes faiblesses; ils se perdent par les mêmes causes;
on peut les sauver par les mêmes moyens. Ce sont deux
malades que le même remède peut guérir ; il ne s’agit
que de proportionner la dose à la force de chacun.
On me trouvera peut-être bien hardi d’oser émettre si
franchement mon opinion dans une question que les
hommes les plus éminents ont trouvée hérissée de difficultés.
.Te ne la donne pas comme bonne, mais comme
mienne. Si je me trompe, c’est de bonne foi.
Je pourrais m’étendre beaucoup sur ce sujet et justifier
ma conviction par les raisonnements et les preuves
qu’un peu d’expérience et de sérieuses méditations m’ont
fournies; mais ce ii’est pas ici le lieu; el, pour me faire