i ■ j IIlecteur.
Mes notes n’eu disent l’ieu, je conclus qu’il n’y
a elTectivenieut rien à en dire ; mais je vois quelque part
que les loges étaient remplies de jolies femmes, parées
de charmantes toilettes dont le bon goût indiquait l’origine
française. Cette observation en vaut bien une autre.
Elle confirme ce que tous les voyageurs disent des
femmes de Guayaquil dont la beauté est depuis longtemps
renommée. La Géographie de Malte-Bruu, en parlant
de cette ville, dit que ses édifices n’ont rien qui soit
dim e d’attirer l’attention du voyageur; mais, ajoute
l’auteur, ce qui frappe celui-ci c’est la beauté de la plupart
des femmes. Les voyageurs de la Bonite purent
donc à bon droit en être frappés et ils devaient bien un
liommage à ces dames, ne fût-ce que pour reconnaître
celui qu’elles rendent à la France, en adoptant ses modes
comme les pins dignes de faire valoir leurs attraits naturels.
M. Vaillant passa la journée du lendemain à faire et à
recevoir des visites. Il fut présenté par le consul d’Angleterre
au lieutenant général W. Rigth, commandant de
la place et de la marine et beau-frère du président Ro-
cafuerté, au général Stag et au général Dast, Français, autrefois
médecin, qui, après être entré au service du gouvernement
de l’Équateur, était parvenu aux premiers
emplois. M. Dast, ami intime du général Florès, venait
de se démettre des fonctions de ministre de la guerre et
de la marine, afin, disait-on, de se ménager le moyen de
rentrer aux affaires, dans le cas prévu où le général
Florès reprendrait les rênes du gouvernement, près d’échapper
aux mains du général Rocafuerté.
Parmi les personnes qui vinrent rendre visite au commandant
de la Bonite, je dois mentionner M. Swtzer,
consul des États-Unis; MM. Iturburu et Gillibert, les
seuls négociants français fixés à Guayaquil; M. Icassa,
riche négociant du pays; le capitaine de port et M. Wil-
limi, gouverneur de la Floriade, dont j’aurai plus tard
occasion de parler avec quelques détails.
Situation politique et commerciale du pays.
M. Vaillant se trouva ainsi dès le premier jour en relations
avec toutes les personnes de Guayaquil qui pouvaient
le mieux l’instruire de la situation politique et
commerciale du pays. Elle n’était rien moins que satisfaisante.
L’état de révolution dans lequel se trouvait depuis
longtemps déjà la république de l’Équateur et le
peu de confiance qu’inspirait le gouvernement produisaient
là leur effet ordinaire. Un malaise général faisait
naître des plaintes presque unanimes contre l’administration
du général Rocafuerté. Elle était minée par tous
les partis et l’on prévoyait sa chute prochaine.
Le général Florès, dont les nombreux partisans désiraient
le retour au pouvoir, affectait, il est vrai, une
grande opposition à toute tentative ayant sa restauration
pour but, mais il devait, pensait-on, être débordé par
ses amis. L’armée entière aussi bien que la majorité des