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Dans le N. est une plaine de quinze milles carrés
dans laquelle serpente un cours d’eau qui a neuf milles
de développement. On pourrait établir sur ses rives des
usines de toute espèce. L’eau de cette rivière, dont le
courant est fort rapide, est fournie par une cascade de
deux cents pieds de hauteur. La plaine est inhabitée.
C’est sur l’île Kanaï que MM. Brinsmad, Ladde et compagnie,
négociants américains résidant à Honolulu, ont
fondé en 1835 un établissement de sucrerie et commencé
des plantations de café. Leurs cultures, dirigées par
M. Hooper leur associé, sont situées à deux milles et
demi de l’embouchure de la rivière qui tombe dans la
baie de Wbiméa (partie S. O. de l’île et la plus peuplée).
Le terrain qu’ils occupent leur a été concédé pour cinquante
ans par le gouvernement sandwichien, moyennant
une redevance de trois cents piastres par an. Des
Kanakas sont employés à la culture et, afin que les chefs
ou le gouverneur ne puissent détourner ces hommes ni
exiger d’eux aucune espèce de travail dans la semaine,
MM. Ladde rachètent ce droit en payant au gouverneur
trois piastres par an pour chaque Kanaka qu’ils emploient.
A l’époque du voyage de la Bonite, deux cents arpents
de terre étaient déjà plantés en cannes. La première
récolte avait produit vingt mille livres de sucre vendu
à raison de quinze sous la livre. Dix mille plants de café
existaient aussi sur l’habitation.
Une portion du terrain concédé à MM. Brinsmad,
Ladde et compagnie, est affermée par ceux-ci à M. Peek,
Américain, qui s’y livre à l’éducation du ver à soie.
M. Peck a fait planter un très-grand nombre de mûriers
d’une espèce depuis longtemps importée à Kanaï et provenant,
dit-on, du Bengale. 11 profita du passage de la
Bonite pour écrire en Chine afin qu’on hd envoyât des
graines de ver à soie.
Oabu , la plus favorisée des îles de l’archipel, réunit
tous les avantages. Elle est d’une grande fertilité; l’eau
y est abondante et presque partout de bonne qualité;
elle a un bon port, où de nombreux navires viennent
relâcher tous les ans; enfin elle est le siège du gouvernement
, ce qui accroît à la fois son importance et sa richesse.
Honolulu, capitale de l’île et de tout le royaume des
Sandwicb, est la résidence du roi et des principales autorités,
ainsi que des consuls d’Angleterre et des États-
Unis d’Amérique.
Cette ville est située sur le rivage de la baie de Wité-
tée, dans la partie S. O. de l’île.
La population indigène d’HonoInlu est de huit mille
âmes. 11 s’y trouve aussi trois cents blancs, missionnaires
, négociants, commis et ouvriers de diverses professions.
Ces étrangers sont, pour le plus grand nombre,
des Américains et des Anglais. M. Vaillant n’y vit qne
Bonite. — Relation du voyage.. Tome II.