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pagnous furent conduits par le missionnaire dans le jardin,
où il cultive avec succès, non-seulement les plantes
du pays, mais aussi plusieurs arbres et diverses fleurs
d’Europe. On sortit ensuite pour voir le village et faire
une dernière visite à Kapio-Lani. J’ai déjà parlé de 1 é-
glise de Kulpebu; je n’y reviendrai pas. Je ne crois pas
non plus devoir donner une description détaillée des
cases qui abritent la population réunie sur ce point.
Elles ne diffèrent en rien de celle que j’ai déjà décrite
et n’ont eu somme rien de remarquable.
A quoi tient la bonne humeur d’une femme-chef.
M. Vaillant, en arrivant chez Kapio-Lani, fut frappé
de la froideur avec laquelle elle l’accueillit d’abord. 11
ne parut pas s’en apercevoir; mais croyant eu deviner
le motif, il parla sans affectation des quinze piastres remises
le matin à son homme d’affaires et ajouta qu il lui
avait destiné une collection d’outils et d’objets de quincaillerie
qu’il supposait devoir lui être agréable. La figure
de la dame se déridait à vue d’oeil. Aux derniers
mots du commandant, elle ne put contenir sa joie, et
devenue tout à fait aimable, elle se mit en devoir de répondre
aux gracieusetés qu’il lui débitait.
Parmi une foule d’objets du pays étalés dans sa case
sur de fines nates, on remarquait deux chasse-mouches
en plumes d’un travail fort délicat; elle en offrit un à
M. Vaillant et donna l’autre à M. Barr'^t; elle leur proposa
ensuite de venir voir une maison en pierres qu’elle
faisait construire selon le goût d’Europe et dans laquelle
les présents annoncés par le commandant devaient trouver
leur utile emploi.
Dîner d’un missionnaire méthodiste
A deux heures, la société se trouvant de nouveau réunie
chezM. Forbs, le dîner fut servi et l’on se mita table. C’était
un vrai festin de missionnaire méthodiste américain. Le
vin, le rhum et les liqueurs en étaient complètement exclus.
Les missionnaires en défendent l’usage aux naturels;
il est nécessaire que leur exemple confirme leurs
préceptes. On servit une dinde rôtie, du taro, des patates
douces et, pour dessert, un gâteau de riz et un melon
d’eau. L’eau , la limonade et le lait remplaçaient des
boissons plus excitantes.
Dans tout autre cas on eût pu reprocher à l’amphitryon
de n’avoir pas assez consulté le goût de ceux qu’il
recevait. Personne cependant n’eut la pensée de le
trouver mauvais. Son affabilité disait assez combien il
désirait leur être agréable. Aussi la frugalité de sa table
ne parut-elle aux yeux de tous qu’une touchante preuve
de la simplicité des moeurs du missionnaire et des privations
qu’il s’imposait avec dévouement, dans l’intérêt
de l’oeuvre morale qu’il s’était volontairement imposée.
M. Fisquet trouva le moyen de lui faire plaisir, en esquissant,
à sa prière, le portrait de son fils. Aussi