on n’en faisail plus du tout niaiutenaiit. Aucun souffle
ne soulevait les voiles; la corvette, ballottée par une
grosse houle, semblait s’agiter d’impatience. Tel était du
moins le sentiment de ceux qu’elle portait. On relevait
alors distinctement l’île San Lorenzo et le Morro Solar ;
il n’y avait plus qu’un pas à francbir pour atteindre le
mouillage du Callao; n’était-ce pas bien le cas de maudire
le calme ?
La brise se réveilla enfin, mais si légère, que la Bonite
filait deux noeuds à peiné; à minuit, elle doubla la
pointe O. de San Lorenzo. Bientôt après un épais brouillard,
bornant la vue à moins d’une longueur de navire,
il fallut s’arrêter de peur d’aborder les navires qui
étaient sur la rade. On jeta l’ancre, par quinze brasses
de fond, à deux milles dans le N. O. du mouillage du
Callao.
Arrivée au Callao.
Le 11, au point du jour, la brume durait encore, et ce
ne fut qu’à onze heures du matin que M. Vaillant put appareiller
pour venir ancrer son bâtiment entre le rivage
et la frégate la Flore, seul bâtiment de guerre français
qui se trouvât en ce moment sur rade.
11 reçut peu après la visite de M. Barrère, élève consul
et neveu du consul général chargé d’affaires de France
au Pérou, qui venait ‘le complimenter de la part de son
oncle.
Visite au commandant de la Flore.
Dans la soirée, M. Vaillant se rendit à bord de la
Flore. 11 n’avait pas attendu ce moment pour envoyer à
M. Daguenet, commandant de cette frégate, les lettres
dont il était chargé pour lui ; car il savait avec quelle
impatience sont désirées les nouvelles de la patrie par
ceux qu’un pénible service en tient depuis longtemps
éloignés; M. Fisquet, porteur de ces lettres, les avait remises,
dès le matin, à M. Daguenet, tandis qu’un canot
de la corvette portait à terre MM. de Mendeville et Bar-
rot qui, brûlaient d’arriver à Lima.
Ceux de mes lecteurs qui ont voyagé hors de leur
pays, savent combien est douce la rencontre d’un compatriote
sur la terre étrangère; mais si ce compatriote
est un ami ou un frère d’armes, que de motifs de plus
j)our savourer cette bonne fortune ! Tout au plaisir de le
voir, de converser avec lui, d’échanger les nouvelles
qu’on a pu apprendre, de parler de la patrie absente, de
ceux qu’on y a connus, on oublie le but du voyage ; la
curiosité elle-même est suspendue, et les heures s’écoulent
rapides dans ces entretiens pleins de charmes. C’était
une satisfaction que les voyageurs de la Bonite ne
devaient plus se promettre de longtemps, après qu’ils
auraient quitté les côtes de l’Amérique du Sud.
M. Vaillant et M. Daguenet avaient bien des choses à
se dire. Le premier portait des nouvelles de France qui