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M“° Forbs ne voulut-elle pas le laisser partir sans qu’il
emportât de sa visite un souvenir, simple comme tout le
reste, mais offert avec une gracieuse insistance qui en
relevait le prix. C’était une paire de coquilles que M. Fisquet
a conservées religieusement.
ai. Forbs, de son côté, remit à M. Vaillant une lettre
pour les missionnaires ses confrères qui résident à Ho-
nolulu. On sait, et je l’ai déjà rappelé, qu’ils sont tout-
puissants dans ces iles. Une recommandation auprès
d’eux avait donc une valeur généralement appréciée;
aussi, bien que le commandant se crut parfaitement en
état de s’en passer, sûr qu’il était de se faire respecter
lui-même et même d’imposer à toutes les autorités de
l’archipel, il pi’it néanmoins la lettre de M. Forbs, qui
témoignait après tout de la sympathie que s’étaient déjà
conciliée les navigateurs de la Bonite.
Le ciel couvert toute la journée s’obscurcissait de plus
en plus; il fallut songer au retour. M. Vaillant donna le
signal, en faisant ses adieux à ses hôtes et il prit les devants,
afin de visiter avant la nuit les villages qui bordent
la baie et qu’il n’avait guère jusque-là aperçus que
de loin. Bientôt après tous ses compagnons quittèrent
aussi Kulpehu. La curiosité et peut-être aussi l’espoir de
quelques largesses avaient réuni autour d’eux tous les
enfants du village ; cette troupe joyeuse les suivit jusqu’au
rivage de la mer. Les petits garçons se dispulaienl
l’honneur de porter quelques-uns des objets qui pouvaient
gêner les voyageurs. Les filles, gambadant, comme des biches
sauvages, sur la pointe des laves, les amusaient par
leurs gentillesses et par toute sorte d’agaceries qui semblaient
défier le tabou. Chassez le naturel, il revient au
galop.
Le coup de l’étrier.
En arrivant à bord, la première personne que rencontra
M. Vaillant fut Koua-Keni qui l’attendait. Le bon
gouverneur ne voulait point laisser partir la Bonite sans
lui dire adieu et boire, à son bon voyage, quelques rasades
de ce vin de Frontignan qu’il avait trouvé si fort
de son goût. Il fut servi selon ses désirs. M. Vaillant lui
promit même de lui rendre une nouvelle visite chez
lui, en passant le lendemain devant Tailua et de lui
amener le docteur pour voir sa femme, qui dans ce moment
se plaignait d’être malade. Satisfait de cette promesse,
Koua-Keni prit congé de la Bonite et l’on ne songea
plus qu’à tout disposer pour l’appareillage.
Tous les travaux étaient terminés, le gréement ridé,
d’abondantes provisions embarquées ; les observateurs
avaient rapporté leurs instruments; M. Laudichaud lui-
même était de retour, chargé d’uiie riche collection
d’objets d’histoire naturelle. Les embarcations furent
mises à poste; et l’on n’eut plus qu à lever 1 ancre,