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fait de la musique un dimanche chez M. Mackintosh !
N’y avait-il pas bien de quoi soulever toute la population
chrétienne des îles Sandwich contre les Français sans foi
ni religion qui violaient ainsi le jour du Seigneur ? C’était
l’avis des missionnaires. Heureusement personne ne
parut le partager.
Ces hommes, dont la mission n’a rien de commun
avec celle que s’est imposée M. Deel dans un but tout
à fait louable, n’ont eux-mémes rien de commun avec
le caractère et les manières tout avenantes de celui-ci. Je
ne vois nulle part que les voyageurs de la Bonite aient
eu avec eux aucune relation. Il y avait sans doute de
bonnes raisons pour cela. S’il faut en croire, au surplus,
d’autres voyageurs, ces hommes ne seraient pas mieux
portés pour leurs compatriotes résidents , que pour les
étrangers. Tout ce qui peut compromettre ou balancer
leur influence leur porte naturellement ombrage.
Entretiens de M. Vaillant avec le roi.
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Le commandant de ia Bonite devait sous ce rapport
leur être particulièrement suspect.
Le roi, depuis la matinée passée sur la corvette, ne dissimulait
pas les sympathies qui le portaient vers les
Français. Il parlait en toute occasion de la France, de
sa puissance, de ses armées, de sa marine, de ses richesses
et de l’excellence de ses produits.
C’était tous les ¡ours quelque nouveau sujet d’admiraIl
tion et d’éloges, qu’il puisait tout naturellement dans ses
entretiens avec M. Vaillant; car celui-ci, une fois la connaissance
faite, venait le voir fréquemment et il ne négligeait
rien pour graver dans son esprit des notions
exactes sur notre pays, fort inconnu de lui jusque-là.
Il lui parlait, non-seulement des forces militaires et
navales de la France, mais aussi de ses moeurs, de son
commerce, de son industrie , de sa supériorité dans les
arts et les sciences; il s’étendait souvent sur la sagesse
de ses institutions et de ses lois ; sur les grandes qualités
du roi, le courage des princes, la beauté et les vertus
des princesses de la famille royale.
Ln jour, comme il entrait chez Taméaméa III, il le
trouva un livre à la main dans l’attitude de la réflexion.
Le roi des Sandwich étudiait l’art de régner dans le
chef-d’oeuvre de notre immortel Fénelon.
Il lisait Télémaque !
Ce fut, comme on peut bien le croire, une agréable
surprise pour M. Vaillant. Il félicita vivement le prince
du bon choix de ses lectures et il en prit occasion pour
lui dire quelque chose des circonstances dans lesquelles
le livre avait été composé, du but que s’était proposé
l’auteur, du grand roi qui régnait alors et de la splendeur
de son règne.
Kanikéaouli écoutait avidement tout cela et se montrait
désireux d’en profiter. Il demandait au commandant
ses conseils sur les améliorations à introduire dans
le gouvernement de son royaume, sur les encourage