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(( Après eux vinrent d’autres personnages : ils étaient
(juatre et tenaient dans la main droite une petite calebasse
remplie de cailloux. Ils s’assiient comme les premiers
et cbantèrent en s’accompagnant du bruit des
cailloux ([ui faisaient l’office de castagnettes. Leur chant
respirait la gaieté ; leurs mouvements gracieux exprimaient
des passions plus douces; mais le principal mérite
de leur {lantomime était à nos yeux son ensemble
parfait.
« Lne danseuse entra en scène. Elle parut seule, vêtue
d un énorme pagne en étoffe de mûrier qui lui ceignait
les reins et formait panier sur les hanches. Sa tête et ses
jambes étaient ornées de feuillages. A la chemise près,
qu’exigent les lois nouvelles, son costume rappelait exactement
celui des danseuses représentées dans les planches
du voyage de Cook.
« Elle exécuta une danse grave et fort longue, qui
n’ciil pas le don de nous amuser. Aussi, malgré les oeillades
qu’elle adressait aux spectateurs, la vîmes-nous
avec plaisir remplacée par deux beaux jeunes gens qui
se produisirent ensuite.
« Ils étaient, comme les premiers danseurs, nus jus-
<|u a la ceinture. Des guirlandes de fleurs de vakoua et
de branches de bruyère ornaient leur tête et serpentaient
autour de leur cou. Leurs mouvements étaient souples
et gracieux; mais le plaisir qu’ils nous causèrent à la
(U'cmière vue se changea bientôt en dégoût. Leur danse
( tait une esjièce de cachucba, moins la délicatesse. Le
jeu des danseurs devint graduelleraenl d’ime lelle liberté
(ju’il ne pouvait être goûté par des Euroj)éens.
Le retour à Honolulu.
(( Les danses finies, nous remontons à cheval et nous
regagnons la ville ; lentement, toutefois, car il fait presque
nuit. La fraîcheur du soir invite à prolonger le plaisir
de la promenade. D’ailleurs , les têtes écbauIFées naguère
par le festin ont eu le temps de se calmer.
Quelques-uns d’entre nous font succéder aux chants
monotones qu’ils venaient d’entendre des accents plus
mélodieux. Ils disent les airs de la patrie ; les échos de
la montagne répètent pour la première fois nos refrains
nationaux ; peu à peu tout le monde s’en mêle et, après
quelques essais d’abord assez infructueux, les seigneurs
sandwichiens font eux-mémes leur bruyante partie dans
ce concert improvisé.
(( La fête, comme on voit, continuait gaiement; elle
n’était pas finie.
Une .soirée.
(( En arrivant à Honolulu, le roi nous invita à entrer
chez lui. 11 nous reçut, non plus dans la maison dont j’ai
parlé plus haut, mais dans une autre plus petite qui se
trouve tout près de la première et qu’il appelle sa maison
européenne.
(( Nous fûmes introduits dans un salon de médiocre