Demandez à un Chango pourquoi il ne va pas chercher
ailleurs un séjour plus riant ; « Et où trouverai-je,
réjKuidra-t-il, une mer qui me donne avec plus d’abondance
de meilleurs poissons? »
Sous ce dernier rapport, ils ont raison de vanter leur
pays. La nature, si avare envers eux de tous ses autres
dons, leur a richement départi celui-là. Les voyageurs
de la Bonite s’en convainquirent par les résultats de leur
propre pêche et par l’immense quantité de poissons exquis
que les balsas du pays leur apportaient journellement.
Les htil.sas.
Ces balsas sont des embarcations , ou plutôt des radeaux
d’une structure singulière. Elles sont formées de
deux outres de dix pieds de long , gonflées d’air et réunies
transversalement par une planche. Les Changes les
fabriquent eux-mêmes avec des peaux de loups marins,
cousues exactement et enduites d’une espèce de colle qui
les rend imperméables. Chaque outre se termine par un
boyau dans lequel on souffle pour le gonfler. Ces embarcations
sont fort légères. Le Chango les conduit avec
une grande dextérité, à Faide d’une pagaye à double
palette, dont il se sert alternativement pour ramer
de droite et de gauche. Monté sur sa balsa, il ne craint
ni de chavirer, ni d’accoster le rivage par la plus grosse
mer. Il débarque avec sécurité au milieu même des brisants.
M. Darondeau, en donnant la description de ces balsas,
remarque judicieusement qu’on pourrait, sauf quelques
modifications, les adopter chez nous comme moyen
de sauvetage.
Origine des Chango.s.
A la couleur de leur peau, ou prendrait volontiers les
Cliaugos pour des Indiens originaires du pays, et peut-
être aurait-on raison. On dit cependant qu’ils descendent
des premiers Espagnols qui abordèrent ces contrées, li
ne m’appartient pas de prononcer entre ces deux opinions.
Dispositions prises sans succès par Santa-Cruz pour augmenter l'importance du port
de Cobija.
Santa-Cruz, une fois investi de l’autorité suprême
dans la Bolivie, dut songer à donner à cet État naissant
un port, par où les produits étrangers pussent arriver
directement dans le pays. Cobija, bien qu’éloigné de
cent cinquante à deux cents lieues des principales villes
de l’intérieur, était pourtant, comme je l’ai déjà remarqué,
le seul point de la côte qui parût répondre à ses
vues. Aussi, n’avait-il rien négligé pour en accroître
l’importance et pour y attirer les navires étrangers.
Dès l’année 1831 , un décret rendu par le président
fit de Cobija un port libre, où les marchandises de toutes
provenances devaient être admises sans payer aucun
droit, pas même les droits d’entrepôt qu’on perçoit à
Valparaiso.