Mil
I:
¡ll i; : «
ill
quand à cinq heures du malin, le commandant donna
ie signal du départ.
D e v a n t 'r a ïlu a .
Il n’y a pas loin de Kearakekoua à Tailua. La Bonite,
prolongeant la côte de l’île Hawaii à cinq milles seulement
de distance, se trouva devant ce dernier point
vers huit heures du matin. Le pilote avait été congédié
au sortir de la haie ; on n’avait pas besoin de lui désormais.
A neuf heures du matin la corvette mit en panne et le
commandant se rendit à terre accompagné de M. Da •
rondeau, eu laissant aux passagers et aux officiers qui
voudraient descendre la faculté de venir le rejoindre.
Son but n’était {tas seulement de remplir la [tromesse
qu il avait faite la veille à Koua-Keni ; un motif {tins sérieux
le déterminait à arrêter {tour quel({ues heures la
marche de son bâlimeut; sans mouiller toutefois, il
voulait vérifier si, comme on le siqtposait, le {tlan de
Kayakakona du voyage de T Uranie se ra{)(torlait à
Tailua. M. Daroudeau, chargé de cette vérification,
trouva en effet qu’il reproduisait assez exactement la
configuration de la baie; mais il reconnut que la latitude
donnée par les observateurs de l'Uranie ne convenait
{îas mieux à Taïlua qu’à Kearakekoua. Il fallut
en conclure une erreur en latitude qui n’était peut-être
dans l’ouvrage de M. Freycinet ({u’ime faute d’im-
(iression.
Koua-Kéni, revenu par terre de Kaavaloa a Tailua attendait
la visite de M. Vaillant. Il vint le recevoir, à la
descente de son canot, au milieu d’une foule d’insulaires
attirés par la curiosité.
Le gotiverueur d’Hawaii cherchait des yeux le docteur.
Ne l’apercevant pas, il demanda avec une certaine
anxiété s’il ne viendrait {tas voir sa femme ; le commandant
le rassura et le suivit dans sa maison.
Kcoud et sa cour.
Kéoua (ainsi sc nomme la femme du gouverneur)
était couchée sur un amas de nattes formant un litéleve
de quinze {touces au-dessus du sol. Lne lilouse en étoilé
de soie bleue brochée la couvrait des pieds à la tête. Elle
paraissait soulfrante, et elle fit très-[teu de frais, lorsque
Kouakeni lui {jrésenta son liôte. Elle daigna pourtant
sourire, si l’on peut appeler sourire l'épouvantable grimace
qui contracta les traits de son visage.
C’était une forte femme que Kéoua et bien digne, {taises
proportions gigantesques, de figurer dans la famille
des chefs de Sandwicb. Son énorme masse {tesammenl
étalée sur les nattes amoncelées n’avait rien de voluptueux,
mais elle rap{telait à s’y mé{ireudre le souvenir
des phoques qui viennent bayer au soleil sur les rochers
mousseux du bord de la mer.
Autour du lit de la suzeraine, accroiqiies sur des
nattes, se tenaient les nombreuses femmes formant la