Il y a des moeurs générales fondées sur la
conformation et q.ui appartiennent à tous les
individus de la même espèce ; il y en a d’autres
qui, n’étant que locales et partielles, ne
sont que le résultat de, l’intelligence influencée
par le concours simultané de plusieurs
causés extérieures au corps animal :
tel le chien sauvage a les moeurs naturelles
du loup, et paroît être de la même espèce
originelle; mais il devient un gardien fidèle
en perdant sa férocité dans les entraves domestiques.
Parmi les auteurs qui se sont occupés des
moeurs des différons peuples (1), la plupart
ont plutôt fait l’historique des particularités
piquantes par leur singularité *et des usagés
extraordinaires qu’on y remarque , ou le
plus souvent mal observés et même inventés
par des voyageurs infidèles pour orner leurs
récits. Les absurdités avancées ont été copiées
sans examen et sans avoir égard aux
(i) Demeunier,. .l’Esprit des coutumes <^des, u^ges
des différens peuples; LondV (Parijs), '177$, in-8, 3 vol.
assez bon ouvrage. Mais l’abbé Lambert t plusieurs
autres ont compilé de volumineux et fastidieux écrits.
Mille hominum species, et rerum discolor usus. v
Persius j Sat« -V. -,
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observations plus certaines, plus raisonnables
et plus modernes qui les contredisent*;
faute qu’011 n’àuroif pas commise si l’on
étoit moins étranger aux connoissances profondes
et. à l’érudition qui est si nécessaire
dans un tel sujet et à la nature propre de
l’homme physique.
Toutes les familles sauvages qui ont d’abord
vécu sans habillemens, et celles qu’on observe
encore nues aujourd’hui sur la face
de la terre , ont en général aimé à se dépiler
toutes les parties du corps, excepté les cheveux
et les sourcils. Je ne crois pas nécessaire
d’accumuler ici les nuées de témoins
oculaires qui assurent que l’américain s’arrache
la barbe'fet qu’il n’est point naturellement
imberbe. Bien que cette production
soit tardive et, clair - semée chez l’habitant
du nouveau monde, de même que parmi
les tribus mongoles, la Hontan, de Pauw
et plusieurs auteurs célèbres n’etoient pas
fondés à regarder lès américains comme une
autre espèce d’hommes , d’après une aussi
foible raison", que l’absence dev la barbe.
Cette coutume de se dépiler ne fut pas
l ’unique partage des peuplades asiatiques ,
africaines et américaines, confondues sous
le terme de barbares ; les anciens européens