Sl2 h i s t o i r e n a t u r e l l e
Lorsqu’il sue aux mains, il les parsème
de . poussière ou de cendres j il en fait de
même à son visage , et en général il n’aime
moyens de subsistance, elle sera devenue assez barbare
pour délaisser, pour perdre sou fils â l’âgé de quelques
années. Là personne chargée de cette horrible commission,
ou peut-être la mère elle-même, au fond d’un
bois, aura résolu de s’en défaire par un assassinat. Je
conçois même qu’une espèce de pitié auroit pu la porter
à , ^ tte atrocité, en croyant délivrer ce malheureux
d’uné Vie insupportable. Mais, qui que c* fut, la main
a du luî trembler; et le fatal couteau, mal assuré dans
une large blessure, n’âura pas été ehforf|é aîrec forée:;
soit que la vue du sang innocent, soit que les mouve-
mens et les cris de l’infortuné, soit que la crainte
dVtife apperçu aient contribué encore à le sauver de la
rage de 1 honneur irrite. Barbare et féroce honneur de
nos sociétés policées , qui ne craint pas de tremper son
hompeide main dans le sang de la fcible innocence, d’un
enfant sans défense! Eh, pourquoi lui donniez-vous la
vie? Vous l’a Voit-il demandée, et faut-il qu’un être
qui fut pour ses pères la source de leurs plaisirs et le
fruit de: leur amour, soit livré à toutes lesinïbxttSiès*
àu poignard de 1 assassinat ? Voilà donc à quoi aboutit
1 inhumaine, l ’impitoyable opinion de Fhonneur ! à
faire non seulement trahir les plus saints devoirs de la
nature, mais encore à plonger une foule de malheureux:
dans l’abandon et le désespoir. Qui sait combien do
bâtards, enfoncés dans la misère, ne sont pas devenus
scélérats et brigands sanguinaires,faute de pouvoir vivre
pas l’humidité. S’il sentoit le besoin de se débarrasser
de; ses excrémens, toute place lui
étoit égale, eu chambre comme dehors, ded’une
manière sortabîe ? Quelle est donc l’utilité du
préjugé de’ce faux honneur, pour qu’on puisse craindre
d’en saper les ruineux fondemens? Quo.r,- parce qu’on,
obéit aux plug douces impulsions du coeur,, aux senti-
mens les plus sacrés de la Nature, on sera coupable et
déshonoré , aux., yeux même des personnes qui, ©U
auroient fait autant, et peut-être plus en pareille
occasion? En quoi sert-il à l’état social. ce fatal préjuge
? ne le prive-t-il pas, au contraire, d’une foule
de citoyens ? Pourquoi s’imposer de pesantes, d’insupportables
chaînes que' n’autorise aucune utilité ?
n’en a-t-îôn point assez d’autres dans cette misérable
vie? Une jeune beauté succombe à la séduction; eh
bien , vous qui' lui imposez le rude et austère devoir
d’y résister , en seriez-vous capable à sa place ? ce
malheur est-il irréparable, celte faute irrémissible?
Tous ces Vices sociaux viennent de ce. que les mariages
ne s’assortissent jamais que par l’intérêt et nullement
d’après le coeur. Âmes de fe r , dites-moi donc
si vous n’ètes pas cause de tous les malheurs, avec
votre vile boue de l’or? Deux coeurs se chérissent
mutuellement, rien ne peut les séparer ; la. Nature,
la convenance des caractères les unissent par des liens
inséparables; mais l’or ! l ’or fanësfé vient les arracher'
l’un à l’autre, lés. déchirer avec violence pour ainsi
dire; c’en est fait, ils "ne peuvent point se convenir,
ear l’intérêt a prononcé. D’un est pauvre et foibie ;