Hi s t o ir e NAt u r e e e #
les lieux. Voilà donc comme il cherche son
bonheur !
Mais, dira-Lon, à-quoi servent ces impuissantes
déclamations ? le monde n’en
deviendra pas meilleur, i f est incorrigible.
L ’écolier au sortir de la réprimande recommence
ses écarts. N’est-ce pas assez d’avouer
son tort ? D’ailleurs , le bon chirurgien ne
se contente point de -conseiller les moyens
de rappeler la santé ; il saisit le salutaire
instrument, il porte dans le sein même de
la gangrène, l’acier rigoureux5 d’une main
sévère et douloureuse, il retranche jusqu’au
v if les parties corrompues. Pour moi, ne
pouvant exécuter cette tâché, je me borne à
indiquer le mal. D’autres plus heureux
peuvent appliquer le remède. C’est aux chefs
des nations qu’appartient cet auguste devoir.
Quoi, parce que je serai foible, faudra-t-il
taire la voix sacrée de la justice et de la sagesse,
de Cette voix plus puissante que l’airain tonnant
de la tyrannie?Faudra-t-il l’étouffer précisément
lorsqu'on en a le plus besoin?Faudra
t—il dérober sans murmure, dans la nuit
du silence,cette rage effrénée qui tourne l’épée
de l’homme sur le coeur de son compatriote?
Faut-il sacrifier les droits de l’humanité à
nos infernales passions ? Et ; vous qui lisez
©U GENRE HUMAIN» $7
ices lignes-, qui que vous soyez, pouvez-vous
voir sans vous sentir le coeur navre, atterre
de douleur, tous les crimes dont regorge la
société humaine, toutes les injustices dont
le soleil est le continuel témoin,".dont le
puissant accable le foible 5 et cet indigne
mépris qu’on verse sur le, malheureux ; et
cette orgueilleuse arrogance qui l’insulte
par le faste ; qui foule aux pieds le pauvre
; qui, coùverté de l ’or , de la dépouille
du juste, dédaigne avec insouciance les
haillons de la misère et se repaît des
larmes de l’innocence ! Vous qui m’écoutez,
11’avez-vous jamais éprouvé vous - memes
les angoisses du malheur, et l’injustice de
vos contemporains, pour demeurer insensibles
aux maux des peuples. Vous, membre
intégrant du genre humain, qui peut vous
affranchir des bienfaisantes lois de l’humanité?
Hélas, c’est en vain que l’homme voudrait
sc méconnoître en s’étourdissant dans
le frivole tourbillon des plaisirs. La tranchante,
l’inexorable faux du trépas viendra
saisir celui qui s’énorgueillit du, sceptre,
comme l’obscur infortuné dans sa cabane,
pour les précipiter également dans l’éternel
^„séjour de ,la tombe. De quoi vous serviront
alors , malheureux , toutes jles barbaries,