5 4 2 HISTOIRE NATUR E L L E
attention si c’est une femme ou un homme,;
et pour mieux dire, il ne s’en soucie pats
du tout. Il n’est pas méchant sans être bon,
car il ignore l’un et l’autre. Il ne fait jamais
aucune espièglerie ou méchanceté , comme
les enfans 'de son ' âge 5 son conducteur n’a
jamais rien, apperçu de pareil chez i lui.
D’ailleurs il ne pense pas du tout au bien
ou au mal, etscette connoissance; est d’unb
sphère supérieure à la sienne. Puisqu’il est
entièrement occupé de ; lui - meine sans se
soucier des autres, non seulement^ il ^i’a
aucun rapport avec le monde, mais il ne
cherche jamais à en avoir ; il en évité l’occasion.
Il desire passionnément de se débarrasser
de tontes les chaînes sociales dont
on voudroit l’entoure ri et s’échapper ,
retourner vivre indépendant au sein des
forêts, voilà plutôt son étude. Il craint le
monde, il n’aime personne ,que luky ne
connoît ni supérieur, ni inférieur; ne voit
rien que la force physique, ne suit que
ses passions, ses appétits , ses penclians 5
n’écoute que lui-même, et ne connoît que
le présent; il s’y applique uniquement.
se berne chez, lui à sentir.
I l n’est pas difficile, ce me semble, de
démontrer ' ce fait très '- important, que
l’homme naturel n’a ni bonté ni méchanceté;
Nôtre sauvage n’a pas le tems de
devenir méchant ou de ée rendra bon.
Hélas ! il n’a point encore goûté le fruit
d,e Ifarbre dér la scieâcéil puisse-t-il sage^ï
ment le choisir ! puisse-Uil éviter sa funeste
corruption et 11’en prendre que les
plus douces et lés plus agréables saveurs ?
Le chemin de la civilisation est la route du
bien et du mal.
Qu’est-ce qué bonté ou méchanceté j sf
ce ne sont des rapports entre les hommes
réunis en société ?: Dissolvez les liens qui
nous rapprochent, isolez lés êtres ; dès lors
il n’existe plus de droit positif ; le ajuste
et l’injuste^ bien que réels en eux-mêmes,
ne peuvent: plus avoir lieu; Un être livré
ài lui sèiilfâ^e ^considérant comme unique
absolument et ) dans une ;entière indépendance
, n’a aucun rapport d’union avec
nous ; par conséquent ,;il ne n ous déit rien,
ni nùus ne lui sommes rien ; il ne peut
nous vouloir du mal quiseroit sans utilité
pour lui ; tandis qùfon rte pratique le mal
parmi nous que par une sorte d’intérêt ou
de satisfaction. Gomme il ne pense pas à