Les contrées policées sont proportionnellement
plus populeuses que les régions barbares
; mais , pour évaluer la population, il
faut la comparer à la nature des terrains,
à leur étendue^ à leurs produits annuels,
à leur rapport direct ou adventice par le
commercé. Le nombre des liabitans se met
toujôuré en équilibre avec la quantité des
productions alimentaire^. Remarquons en^
core; que les 5empires doux et libres sont
plus féconds en hommes que les états despotiques.
Une grande population sur un
petit territoire conserve le plus grand pen-
chan t vers une liberté illimitée ; telles isont
sur - tout les nations maritime^ et commerçantes.
Celles de l’A sie, gouvernées par des
tyrans inhumains , ne se hasardent que rarement
sur mer : ainsi, depuis Macao .j usqu’à
Constantinople, l’empire de Neptune en est
abandonné. Les anciens égyptiens détesloient
la mer qu’ils regardoient comme l’empire de
Typhon, ou du mauvais principe : telle est
encore la croyance actuelle des nations de
l ’Indostan ; tandis que les vaisseaux des ty-
riens , des phéniciens , des grecs , e t c . s i l—
lonnoient jadis la Méditerranée. Les tribus
malaies, nées sous des régions exposées à
la puissance arbitraire, forment des- états
féodaux et des républiques oligarchiques ,
parce qu’elles s’adonnent à la marine. Il en
est de même ; dêè peuplades barbaresques.
Comme presque tous les gouvernemens
de la terre sont depuis long-tems le résultat
de la force, et qu’ils ont- été fondés par le
fer des conquérans plutôt ique par les lois
de la sagesse et dê la justice j il n’est point
étonnant que" le régime féodal, cet injuste
et tyrannique gouvernement, soit le plus
répandu dans toutes les contrées du monde.
Ce système politique'est fondu, incorpore
plus; ou moins avec tous les autres. Le
voyaîgeur philosophe Poivre l’a trouve dans
toutëslës tribus malaies. Dans l’Indostan,
au grand Mogol, n e voit-on pas une; gradation
régulière, une hiérarchie, d’infeoda—
tion des sübahs, nababs, foudjars, killadars
et tant d’autres ? N’en découvre-1-011 pas
aussi les nombreux vestiges sous le despotisme
des turcs, dans le khan des tartares
de Crimée, les vayvodes de M o ld a v ie .V kr-
lachie j«etc., les états d’Alger et de Barbarie,
lé shérif de la Mecque, les scheiks ou princes
de Sy rie , les mameluks etc. ; enfin dans
tous cêsu fiefs militaires ^ avec les, titres de
sanjacs, zayms, tiinariots, etc. ?
Qu’étoit la république de Pologne, sinon.