1.9^ HISTOIRE NATURELLE
travaux la fout éclore chez les savans labo*
rieux; ils les rendent infiniment plus sensibles,
parce que la mélancolie n’est qu’un
état de vive sensibilité toute intérieure et
peu visible au dehors* Dans le sanguin, au
contraire, sa foible sensibilité' est toute à
l’extérieur, à la superficie ; rien ne peut
l ’émouvoir profondément ; les passions les
plus brûlantes glisstent sur son ame frivole.
I l en est tout autrement dans l’atrabilaire ;
il vit-tout.entier concentré dans son coeur;
l ’autre s’étale s’évapore entièrement en
esprit léger et brillant*
Telles sont donc les principales différences
du caractère ■ de l’homme et des nations
; mais on conçoit qu’elles se mélangent
plus ou moins, et nous ne pouvons établir
ici que des bases générales. On pourra, d’après
elles, reconnoître les tempéramens dominons..
et les variations plus compliquées, dans
chaque pays, à l’aide d’un examen réfléchi.
Il semble qu’un esprit de vie générale,
anime chaque peuple, mais d’une manière
différente dans chaque climat. Les gouver-
nemens en sont la source; ce sont eux qui
dirigent cette ame, pour ainsi dire, publique.
Qu’on ne pense point que le moral d’un
homme puissant n’agisse nullement sur tous
ceux qui l’entourent, par le seul ascendant
de sa fortune. Quelle pondération n’acquièrent
point certains génies sur la volonté
des nations ! Combien de grands hommes
n’ont-ils pas su en manier les passions à leur
gré ! Pense-t-on que ce soit à l’aide de la
raison ? Bien loin de là; C’est par les diffé-
rens senti meus d’espérance, de crainte ,
d’amour , d’admiration, etc, Tous les coeurs
se mettent facilement à l’unisson de ces
affections. Voulez-vous entraîner l’opinion ?
Cherchez Je grand, le sublime, le tendre, le
passionné; présentez l’espoir du bonheur.
Mahomet parle-t-il au nom de Dieu, non
avec le fol enthousiasme d’un énergumène ,
mais avec le profond sentiment et la noble
audace du génie ? bientôt il conduit l ’arabe
à la conquête de l’univers, et ses successeurs
distribuent les couronnés de l’Asie* N ’a-ton
pas vu souvent le bras d’un seul homme
relever des états en décadence, et en précipiter
d’autres vers leur ruine ? Guerriers
magnanimes,sachez que c’est l’enthousiasme
qui prée les triomphes , qui enchaîne la
victoire, même contre d’innombrables armées
ennemies. Par ce seul sentiment, une
poignée, de grecs au milieu de leurs arides
rochers, résiste au choc immense de l’Asie
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