nouveaux besoins ? Comment se comporte*
roit-il alors ? Voilà le noeud des difficultés
élevées sur la fondation des sociétés et sur le
principe de la civilisation. Mais nous n’a-*
vous efue des conjectures plus ou moins probables
à imaginer à cet égard; ainsi nous ne
pouvons nous flatter de connoître l’homme
naturel tout entier.
I l est bien difficile de faire sortir le jeune
sauvage de son apathie. Je crois qu’on, n’en
pourra venir à bout que lorsqu’il '"sera
rassasié. Alors , s’il ne dort pas (ce qu’il fait
souvent quand il ne petit plus mange^î) Oit
pourra peut-être l ’intéresser par quelque
chose d’attrayant, dé [brillant ; encore n’y
fëra-t-il pas une grande attention ^ car il
né sait presque pas1 s’àtftWâfeŸ.- Il faut lui
donner de nouveaux besoins il n’y a que
ce moyen pour l’apprivoiser. Mais alors il
oubliera l’histoire de son état sauVagë ( r)i!
(i) La fille de Champagne ne se ressouveiïoit plus du
sien, f l . . . t , Hist. p. 3i ; quand on lai demandoit ses
parens , ellë ûiohtrdit un arbre • elle n’a çomm^cè--h
réfléchir quë dépuis Sa civiliVatibn. Datnis lëâ hdis'/elle
n’avoit d’autres idées qiië le sentiment de ses besoins
et le désir de les satisfaire ; p. 3o. Le jeune Ursin de
Un chien s’attache à son maître , dit-on ,
et votre sauvage ne s’attache à personne ;
mais l’animal ne prend de l’affection pour
l’homme que parce qu’il en a été soigné
lorsqu’il était dans toute la foible$se de l’en-
fance, et parce qu’il croit lui devoir, pour
ainsi dire, son e^istencevBrenez un animal
déjà adulte ; il est impossible qu’il s’apprivoise
bien y parce qu’il se voit en état de
vivre, in dépendant, et qu’il n’a , si j’ose ainsi
dire,..d’obligation à personne. Il le sent,
il en qst comme fie r , indomptable. Notre
sauvage est dans le même cas ; voilà pourquoi
il ne voit que lui seul. Il semble reprocher
aux hommes la barbarie de bavoir
délaissé, en leur (prouvant qu’il peut se
passfVïCÏeux , qu’il né daigne pas: s’occuper
d’eux ; cependant je doute fort que ce sen-*
liment soit tel quoi je suppose dans, notre
jeune; aveyrpnais.
If paroît insensible^ aux démonstrations
d’amitiéiff il ne sait iqe : que. a’ést qu’être
caressé» Si; on l’embrasse, il ne fait pas
Gonn&r>1 med. p. i!35*V péidit aussi w souvenir
de son existence sauvage, dë même-que nous ignorons
ce qui nous est arrivé au berceau.