53a Hi s t o i r e n a t u r e l l e
connoît pas. S’il a plus de nourriture qu’îî
n’en peut consommer, il la rassemble-, i l
Va la déposet, la cacher, l’enfouir en terre,
Sans jamais l’oublier le lendemain ; à cet
égard sa mémoire est infaillible. Il paraît
ainsi qu’il faisait des provisions lorsqu’il
vivait solitaire ; il ne croit jamais avoir
trop , et il semble avoir quelque prévoyance
du besoin futur en faisant ainsi des eaa
chettes. dette prévoyance" au res te * n’est
point supérieure à celle d’une foule d’ani-^-
maux, qu’on sait rassembler aussi des magasins
, principalement pour leur retraite
d’hyver; JT’âi même vu des chiens toujours
bien nourris^ ramasser et enfouir Cependant
sous terre ce qu’ils ne pouvaient dévorer
lorsqu’ils étoient copieusement repus.
Pavois voulu savoir si, mettant une autre
personne avec notre sauvage], et si èn partageant
à chacun des deux une égale portion
du même aliment, cet enfant de la Natüré
sé contenteroit de sa part, s’il respecferoit
relie de son voisin comme une propriété
qui ne lui appartiendroit pas. Mais il n’est
rien de tout Cela, il n’a aucune idée de
propriété, il cherche à tout posséder lui
Seul, parôè qu’il ne se considère que seul.
Il est ainsi très-enclin au vol et très-habil©
a dérober ; s’il mange à une table, il a bientôt
enlevé à ses voisins, fort subtilement et
avec une grande prestesse, tout ce qu’il
desire, quoiqu’il en ait déjà.: Mais Jamais il
ne vole que des choses d’aliment ; tout le,
reste v l’argent, ,1’o r , les bijoux] les plus
précieux n’ont ;aucun mérite à,ses yeux. %
j En tout il.se borne absolument à ce qu’il
connoît, et aux alimens qu’il a été; forçé
d’employer pour se nourrir,s Mais il ne
connoît qu’eux et refuse tout le reste. Cependant
qn l’a instruit depuis à ;se servir
d’autres nourritures. Si »on lui en présente,
de diverses, sortes,;, il les ;llaire; çt ?les prend
toutes , mais il mange, premièrement celles
qu’il préfère , laissant les ( autres pour les
dernières suivant l’ordre dans lequel- elles
lui plaisent.
« On croirait peut-être qu’il témoigne quelque
reconnaissance à celui qui lui donne à
manger. Point du tout ; il prend la nourriture,
dans la main bienfaisante qui la lui
offre, comme il la ramasseront à terre non.
qu’il s’imagine qu’on lui doive ce qui lui
est donné, mais il semble croire que c’est
parce q ue les- autres n’en savent que faire.
Il permet fort bien qu’on lui évite la peine
de préparer , d’éplucher son a lim e n t - niais