s 32 h i s t o i r e n a t u r e l l e
Hélas ! nous avons trop de philosophes pour"
avoir à présent de la sagesse. Tandis que la
pureté des moeurs ènsèigne la vertu, on ne
fait point de livres pour la recommander;
mais bientôt, né pouvant l’acquérir y on
s’habitue à ne plus y croire, et après s’être
endurci aux crimes J les méchàns s’écrient
qiie la vertu est fille de l’intérêt. Sublime
connoissance des siècles policés ! Voilà donc
l ’une de vos découvertes.
Mais à quoi bon rebattre ces tristes vérités
, dira-t-oli ? Le monde en sera t-fi corrigé?
Eli malheureux f lé Seta-t-il davantage par
le silence de la raison ? Les7véMés <Ju’6n
craint le plus d’apprendre sont précisément
déliés qu’on a le plus d’intérêt à connoitre.
Laissons au peuplé' toutes les ignorances
qui né le trompent pas ; mais pourquoi lui
dérober le tableau de tous lès in aux qu’en-'
traînent après elles de funestes erreurs. Ce
n’est que de l’encens des misérablestque
fument les autels dés Dieux , et les bonnes
moeurs fuient dans la cabane du villageois.
Ailleurs on ne songe a faire le bien que
quand on ne peut pas se désenOuÿer autrement.
Riches, o’eSt le supèrflu dont vous
Tégçrgèz, qui est pris sur le pain de l ’infortuné
j c’est lui qui nourrit dans Vos palàia
EU GENRE I IÜMAINi
&u sein des voluptés, des courtisannes et
des valets oisifs y tandis' que la chaumière
du pauvre contient à peine des troupes d’en-
fans affamés et que les travaux accablent.
Des arts futiles d’agrément augmentent les
besoins factices de l ’opulenbe y tâncl& qu i^
faudroit l’en priver le plus possible. Que les
moralistes proposent des sacrifices,: on les
accuse d’une austérité déplacée',* et trop âpre
pour notre siècle. Ah ! je le crois bien qU elle
est déplacée, car i f esi presque du bon ton
d’être malhonnête homme. P'ifiuspbst nüm-,
7720.9 , n’est plus un nouvel axiome depuis
bien des siècles. Tabler dé ni fleuris, ç est,sélon
l’homme du jdur, quelquéchose de trop
antique pour y fairè at tent i on-pui s l’on
fie dit rien de nouveau. Etre'vertueux,.6 est
Vouloir sè' èingularisèr', car' on pelise que
k vertu n’est tout au plus uiilè que pour se
fài re i^é'gar dLèr.ÿ.
J’entends me reprocher que je m’occupe
d’un objet étranger à cet ouvragé. Homme,
' qui'qüë tu
apprends qüè jamais la Vertu ne fut étrangère
à la Nature. Eh! à quoi sêbVent donc
lés sciences ,:lsi ce n’est à notre bonheur ëii
nous rendant meilleurs ?Cultivèr les'èon-
noissances et ne pas les rendre utiles au^