Ï2g8 HISTOIRE 2ÏATUKEIÆE
douloureux gémissemens qui arrachent les
entrailles, des croassemens de reptiles, du
râlement lugubre des oiseaux noct&rnes •
elle nous entoure de poignards ensanglantés;
de cadavres livides , putréfies , qui nous
font Frissonner d’horreur. Ici, au contraire^
l ’imagination riante effleure d’une aile rapide
la .surface de la terre; elle foule légèrement
en cadence, avec les bergères, la verdure
fleurie des coteaux , ou bien elle se
repose „sur l ’humble mousse , sous l’épais
ombrage des pampres et des figuiers chargés
des doux trésors de l’automne. Hommes
épilogueurs et froids,n?approcher jamais du
sanctuaire du génie! Votre ame glacée ne
peut conserver cette flamme sacrée de
Vesta.
O m ortel ! * veux - tu f élancer avec’ une
noble audace dans la carrière du génie et de
la perfection? C’est dans ton Coeur même
qu’il faut puiser les propres forces (i). Ce
n’est pas dans d’arides et lourds préceptes,
dans les commentaires des stupides critiques
; ce n’est point dans ees obscurs sentiers
du bel esprit de nos jours, que, nouveau
Frométhée , tu dois aller ravir la
(i) Pectus est quod nos disertos fa c it et vis mentis,
flamme'
flamme d’une ardente, d’une divine intelligence.
Elle seule peqt t’embrâser d’un sacré
enthousiasme ; et qu’espères - tu produire
d’immortel sans le sentiment ? Ah ! ne vas
pâs attiédir, glacer ton ame par la frivolité
vulgaire. Te sens-tu ému, pénétré, consumé
d’une ardeur dévorante ? Sens-tu bouillonner,
déborder ta sensibilité? Tout s’agite, se
vivïiie-t-il autour de toi? Ton coeur est-il
gonflé de passions héroïques, d’affections
généreuses? Respires-tu la noble fierté de
l’indépendance? Te sens-tu yertneux? élevé,
sublime?« Si tu es rampant et lâche; si la
vile soif de l’or te tourmente ; si tu es corrompu
par l’opprobre , avili dans l ’esclavage
si tu n’es pas transporté du courage de
la vertu ; si tu aimes le clinquant, le superficiel
; si ton coeur, loin de se fendre devant
les cbef-d’oeuvres des sciences et des arts,
reste insensible,j|t d’airain : fui& barbare ; ne
les souille pas de ta main profanatrice, de
ton regard sacrilège ! reste dans ton ignominie
,et ta stupidité, le front enseveli dans la
poussière où tu te traînes inutilement, où t,u
eberebes à rassasier ton avarice et tes infâmes
penchans.
Non , non , jamais nos beaux, arts n’atteindront
à ces étonnantes productions du
T o m e I L O