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tence sur les objets qui l’environnent? On‘
voudrait en vain lè savoir, puisqu’il ne Vit
que pour lui seul. Son gardien ne l’a jamais
vu donner de marque de pitié $ «non, sans
doute, qu’il n’en soit pas susceptible, mais
parce qu’il né s’inquiète que de lui-mêmèy
et qu’il ne veut pas détourner sa vue , ou
son attention sur ce qui ne lui est pas indispensable.
Cependant cette question — ci
serait de la plus haute importantjfcfàpéM
soudre, pour connoître'les pénclïUns primitifs
du; coeur humain. Pour moi, j’ose
croire qùe si cè jeuïge liomme pouvoit sortir
de ; sa léthargie morale si concentrée • s’il
pouvoit jeter quelque regard d’intérêt sur
ce qui Pentourefc il serait aussi porté à la
commisération que les enfans le sont communément.
Toutes ses cicatrices, toutes seé blessures,
et sa petite vérole parfaitement guéries par
les seules forces de la nature médicatrice,
sans soins, sans remèdes, ne prouvent-elles
pas que la médecine compté trop peu sur
la puissance, vitale? ne prouvent-elles pas
qu’on se délie trop peu du médecin?? Avec
nos drogues , nous n’aurions pas manqué
de tourmenter notre pauvre jeune homme,
et peut-être de le faire' périr
DU GE1ÎRE HüMAIÎ f. 34»7
Je m’étonne qu’il se soit trouvé des phi- ’
losophes capables de nier l’iiistinct produit
dans l’homme par la sensibilité, sous prétexte
qu’il est doué de raison. Mais la raison
n’étant que le fruit tardif d’une longue expérience,
laisse roit vingt fois périr un enfant
délaissé. Certainement ce sauvage s’ekt conservé
et nourri pendant plusieurs années
dans le ; sein de la champêtre nature, par
la seule direction du sentiment qui formé
l ’instinct. Qui le lui a donné ? N’est-il pas
inné avec 1 ai ? Il est donc quelque chose
dans l’honïme et les animaux, de plus que
les seules connôissances de l’esprit. Celles-ci,
comme le remarqué Hutchéébn, ne sont
que^les hlless de f expérience èt dés sensations
tandis que Ji ’instinct ‘' existé déjà ;
l’intelligehéè est dans la tête \ ■ mais l’instinct
a son trône dans lé coeur3 c’est la main de
la Nature qui l’y .a placé ; notre in telligence
n’est que le fruit de l’étude et de l’éducation.
Bien peu d’êtres à l’âge de notre sauvage
sont aussi dépourvus de connoissances ; et
l’on peut dire que pour tout ce qui n’est
pas en rapport avèc sa vie et son bien-être ,
il est dans la plus profonde,stupidité. Si ce