l i a HISTOIRE NATURELLE
placé sur un terrain sauvage , stérile, resserré
, sans ressources, plus il se sentira
forcéd’y suppléer par son travail, ses soins,
son intelligence 5 plus il se per feetionnera,
pourvu que les obstacles no deviennent
pas excessifs , et ne l’accablent pas en
s’accumulant sans bornes. En, revanche, les
nations naturellement trop riches en productions
utiles à la v i e , n’ayant besoin
d’aucun effort pour subsister, ne feront
aucun progrès dans les sciences et les arts ;
elles ne les cultiveront que pour se débarrasser
de l’intolérable fardeau de l’ennui *f
elles ne rechercheront que les connoissances
agréables de l’esprit, telles que la poésie ^
les iiétions ou fables romanesques:, êtc.
Toutes ces choses sont en effet extrêmement
communes dans les contrées méridionales,
par cette même raison.
Mais, outre ces remarques dépendantes de
l’iniluence des climats et de l ’action si
universelle des températures ;,.on doit diviser
l’arbre des connoissances humaines
en trois branches principales comme l’ont
fait les célèbres Bacon de Aérulam et
d’Alembert. 11 me semble qu’on peut apporter
quelques ehangemens dans le classement
particulier des sciences et des arts.
La
La première et la plus naturelle de toutes
ces branches pour l’homme , a pour but
les connoissances qui tiennent à notre sensibilité.
Elles se trouvent, pour la plupart
dans tous les pays de la terre et parmi toutes
les races humaines, mais en différens degrés
d’étendue et de perfection. Comme ces connoissances
dépendent aussi, en grande partie
de Vimagination, qui semble être un mode
de notre sensibilité , elles influent sur le
bonheur ou sur le malheur des individus 5
elles deviennent quelquefois le charme ou
le tourment de notre vie (1). N os passions
et toutes nos affections y trouvent leur
commune source. Les sciences qui en émanent
sont la poésie, la musique, le langage*
d’action, la peinture et tous les arts libéraux
; telles sont * encore les: , religion s , la
morale, les lois de la sagesse, du devoir,
de la. justice ,enfin les: fictions, les allégories
, les superstitions et toutes les connoissances
de sentiment, etc.
i (1) Imaginatià hominis omnium malorum mater}
a dit au physique, un homme xie génie dont l’imagination
;foiigueusé;;et déréglée l’a précipité dans des
écarts qui lui ont .Ya.lu le mépris cfes savans. C’est
jParacelse f voyez Oper. t. 1 , p. ^ iq. A.
T ome I L H