5o8 HISTOIRE NATURELLE
déplaît quelque part, on l’a v u , dit Clair, son
gardien, se traîner sur les fesses avec assez
de rapidité, en s’aidant des pieds et des
mains.
Cette opinion, quedes sauvages marchent
sur leurs quatre membres, me semble extrêmement
erronée et contraire à notre organisation
, quoique lé célèbre anatomiste
Moscati l’ait soutenue. Le train de derrière
seroit trop haut si l’on ne ployoit pas les
genoux, et le tarse (i).ne poseroit pas bien à
terre,car les pieds ne s’appuieroient que sur
les orteils; en se mettant à genoux fies jambes
gêneroient par derrière. Mais ce n’est pas
tout : en se plaçant ainsi, notre face regarde
la terre, et nous ne pourrions ni voir ce qui
nous entoure, ni éviter les dangers, ni trouver
au loin nos alimens. La position de notre
trou.occipital est trop antérieure. En outre,
comme la tête humaine est très “ grosse à
proportion de la force du cou, elle est fort
pesante , et n’a point ,'èommechéz les quadrupèdes
, un ligament cervical pour la
maintenir redressée en avant, éh Supposant
toujours qiiè nous marchions stir nos mains
et nos genoux ; ainsi, nôtre tête nous aeca-
(i) J. J. M o u s s e a u , ibid. note 3*
DU GENRE HUMAIN. , 5og
bleroit bientôt de son poids, comme on peut
l ’éprouver. Toutes ces considérations sont
manifestement opposées au but de la Nature,
qui nous a faits pour marcher droits, quoi-
qu’en disent Moscati, Monboddo, ètc. ; sans
cela nous serions les plus mal partagés de
tous les animaux, et nous deviendrions infailliblement
leur proie sans pouvoir nous
défendre.
Le corps de notre jeune garçon est assez
bien taillé ; ses mains sont d’une médiocre
grosseur, et répondent bien à sa grandeur ;
il ne Se sert pas plutôt de la droite que de la
gauche. La peau du dedans de la main, que
j’ai bien examinée, est fort douce et nullement
calleuse ni épaisse. Ses doigts sont
longs, déliés, bien formés, et ses ongles forts
et grands ; on les lui avoit coupés mais ils
sont bien grandis depuis. Scs pouces sont un
peu plus gros ( 1 ) à proportion que dans les
autres enfans. La flexibilité de ses doigts en
tous sens est étonnante ; on diroit presque 1
(1) Il en étoit de même dans la champenoise. I I . . . t ,
p. 7. On sait qne cette fille vécut à Paris %sous le nom
de mademoiselle Leblanc ( Marie ),. Voyez Racine,
fils, Poëme de la religion^ éclaircissement’ de P épi—
tre 2e sur l’homme, p. 3o3 et suiv.