perdu. La jeunesse prend quelquefois un
bouillonnement inconsidéré et les saillies
d une imagination téméraire, pour les ins-r>
pirations du génie. Doit-on ignorer combien
ce dernier exige d’observations profondes,
combien il a besoin de réflexions, de méditations
dans le silence, lors même que l’arfie
est consumée des plus ardens sentiméns ?
Tout homme trop v if, trop impétueux est
brouillon • il ne peut mûrir son ame$ il la
sème sans cessé, il fiéparpille alentour de
lui pjamais .il ne produira d’ouvrages parf-
faits j telle est la cause de la frivolité ssi commune
parmi nous» Le gouvernement qui
donneroit au caractère français rplus de
gravite, le rendroit plus susceptible de perfection.
Notre nation ne réussit que trop
souvent dans les objets futiles le génie
accompagne rarement la folâtre gaîté, et
l ’homme qui n’est qu’agréable n’âura jamais
que de l’esprit. Les passions dominantes se
ressentent de ce caractère 5 la vânité remplace
l ’orgueil qui s’associe communément à de
grandes choses.
En recommandant la chaleur du sentiment,
j e ne l’ai point confondue avec cette
intempérance fougueuse, ayee ce tumulte
'véhément des, passions, qui s?agite beaucoup
"DU GENRE HUMAIN,
et fait peu. On s’imagine qu’un homme qui
gesticulé comme un énergumène, est ordinairement
transporté. Cela peut être quelquefois
, mais d’ordinaife l’énorme activité
des passions EcraséV!anéantit toutes les facultés;
elle rend tout stupéfait. L’excès de
l ’ardeur amoureuse, par exemple, ne rend-il
pas muet? I l est des hommes que' peu de
chose fait aussitôt sortir des gonds de la
raison, et qu’un rien suffit pour ramener
-dans lés bornes ordinaires : que peut - on
exécuter avec une télie inconstance ? Ce n’est
jamais au dehors qu’il faut exhaler sa sensibilité
par dés démonstrations outrées, par
un Verbiage frivole, mais c’est au dedans
qrpi’on doit -être transpercé avec violence.
Âû reste c’est la Nature qui nous forme, et
nous ne pouvons modifier que nos pen-
| cliansi:
J’observe que les nrttidUs modërnes éclai-
'tées de la lumière des soiénees ont commencé
par l’él uffition, et c’éSt parla qu’elles auroient
dû finir. A mesure qü’felléà la perdent, elles
de vieilli en t plus lègèCééy; plus frivoles ; elles
ne s’oécupèrit plüsîqûé dé la superficie des
objets ^ si l’on en ëxCepte quelques vrais
saVansl fJè crains; qiië facette épuration des
^seièneés ne nuise à leiir'déveléppèment ul