remplies de laborieux artisans et les villes'
désertes se trouvent plutôt vers les climats
rigoureux du nord.
A mesure que les hommes sont plus
indépendans , ils aiment davantage leur
patrie j parce qu’ils y, jouissent de tous
leurs droits. Aucun habitant du midi, opprimé
, persécuté sans cesse par la tyrannie
, ne peut préférer son pays à des
lieux étrangers. Il est bien où il vit en
repos. S’il est vrai que les/barbares du nord
ont plus d’orgueil national , parce qu’ils sont
plus libres , ils auront davantage de patriotisme.
En effet le besoin , la pénurie des
vivres , Pappât des rapines sont les seules
causes des émigrations des tartares et dés
mongols. Toujours les peuples pauvres et
sans cités ont triomphé dés nations opulentes.
Toujours le nord barbare a rendu
tributaire le midi policé, mais esclave. Telle
est la nature des choses commandées-' par
l ’empire des climats, et par les caractères
auxquels elles donnent naissance.
Suivant les mêmes phases d’accroissement
et de vicissitudes que la civilisation et' les
idées théologiques ; la philosophie (1) a reçu (i)
(i) Gérard. J. Vossius, de Philosop, Hag. comit.
la naissance dans les climats les plus heureux
et les plus fertiles des plages équatoriales.
Elle ne s’est guèfes répandue chez les nàtions
policées , que vers le déclin de leur puissance
et de leur éclat. Avant - courière de
leur décadence , après avoir soutenu les religions
naissantes , elle en détruit les liens
sacrés lorsqu’elle s’épure. Si l’on sait la
régler , elle est aussi fatale au despotisme,
que bienfaisante aux nations qu’elle rend
florissantes 5 mais lorsqu’elle se répand sans
frein dans des âmes corrompues qui en abusent
, elle sappe les préjugés les plus utiles,
que doibrespecter la société humaine pour
se maintenir.
Nous ne chercherons point à parcourir
ici toutes les sciences et tous les arts qu’in-
yenta l’homme pour son amusement ou
pour ses besoins. Il nous suffira d’offrir
quelques considérations générales.
Toutes nos connoissances émanent de nos
besoins et de nos passions ; l’industrie est
la fille de la nécessité. Plus un peuple sera
1658', in-4. Déslandes, Hist, critiq. de la Philosopha
Thom. Stanley , Hist, philosoph. Lips. 1711, in-4.
Jacob Brucheri , Histor. critic, philosophise. Lips,
g 742-67. in-4, 6 tom. etC*