l4a HISTOIRE NATURELLE
prier le plaisir, pour s’identifier avec lui.
Une exubérance de vie remplit les organes
où se manifeste le plaisir; ce qui est en plus
dans ceux-ci se trouve en moins dans lès
autres. L ’aine se rassemble toute entière dans
le sens de la volupté; elle n’existe que dans
lui seul ; les autres sensations demeurent
muettes, inaperçues ; elles sont absorbées
dans la grande,,,Ainsi toutes les fonctions
qm n’ont pas rapport à un v if sentiment
présent, sont interrompues. Archimède et
Newton vivoient entièrement dans la tete,
et les organes de la génération du dernier
restèrent imparfaits. En amour-, au con^r
traire, on n’existe que dans ceux-ci. Tel
est l’effet de toutes les passions vipleiites sur
la partie qu’oljtas occupent,g
Si la vie peut se concentrer dans certains
organes, c est a 1 éducation a l’y établir par
1 habi tude ; a 1 y maintenir ; à; l’y développer
sans cesse par un exercice : co n tinuel. On
doit sur-tout dans la jeunesse, stimuler la
sensibilité, principe et base:de toute perfection,
puisque les affections ouvrent la porte
à l’entendement. Quelque peu irritable que
soit le coeur de certaines personnes, aucune
ne l’a parfaitement inanimé, sur-tout dans
cet âge flexible aux impressions, où l’ame
Ï3Ü GENRE HUMAIN, l i t
aspire après l’àmour ; où les passions soufflent,
excitent de toutes parts l’incendie
dans les coeurs inexpérimentés ; où l’imagination,
toujours allumée, fait naître si souvent
le génie et l’enthousiasme de l’héfoïsme
fet de la vertu.
Elles étoient fondées sur le sentiment,
ces institutions politiques et religièuses dés
peuples anciens qui nous étonnent par là
perfection de leur gouvernement', de leurs
moeurs et de leurs beaux arts. La force du
sentiment a suffi seulè pour: les élever à ce
dégré sublime de splendeur et de gloire.
Tout nous l’annonce, tout nous le prouve ;
et voyez combien leur gouvernement par-
loit au coeur par la pompe des spectacles,
par la majesté desdemples, par lès honneurs
des triomplies f les fêtes popu 1 aires, les jeux',
la musique, la poésie fete, Voyez avec quel
art il eonduisoit les volontés, non par la
forcé, maiài par l ’ascendant du patriotisme ;
voyez combien il suscitoit la mâle énergie
des passions les plus sublimes. Jamais la froide
raisonn’eùt opéré la plus petite partie de ce que
fàisoit l ’emportement de Fâffèctiôn des peuples.
Pour vous, hommes modernes qui négligez
ou qui ne savez pas mettre en oeuvre
les seiitimens dés nations, vous languirez