HISTOIRE NATURELLE
ment sur la terre, ne sont pas des fruits cle
tous les climats. Chacune d’elles a sa raison
physique qui la circonscrit. Pourquoi le
mahométisme s’est-il déployé dans le sein
de l’Asie avec tarit de vigueur, tandis qu’il
est venu expirer sur les bords de l’Europe?
Pourquoi le christianisme est - il si borné
dans l’Inde? Sans leurs religions locales, les
familles hébraïques et ' guèbres parcoure-
roient-elles aujourd’hui tant de contrées du
inonde, cherchant inutilement un repos qui
les fuit? Pourquoi les orientaux adhèrent-ils
avec tant d’opiniâtreté aux idées théolo-r
giques? Seroit-ue à cause de leur tempérament
tourné généralement à la mélancolie ?
Plus les peuples se civilisent, plus ils ont
besoin d’une religion pour s’opposer comme
une digue au torrent des passions exaspérées.
Elle est la base de toute bonne police, la
chaîne indissoluble des goüvernemens • et
comme l’a démontré Warburton, auçun
état ne peut subsister sans son secours. Sa
main, l’appui des trônes, distribue souvent
les diadèmes des rois. Hélas 1-elle est, de
même que l’éspérance, le pain du malheureux
et la consolation du juste dans l’infortune !
Qui veut détruirejtoute religion, tend à briser
les liens de l’association ; et ne sait-on pas
d’ailleurs que le sang des martyrs fut toujouts
la iemence du prosélytisme, ainsi que l’a dit
Raynstlf?r ' p§ V •'* 1 ’~'V - u
Il n’est aucun peuple qui n’ait quelque
idée rèligieuse * il n’en est aucun qui ne
reconnoissè une cause suprême de tout cô
qui existe, un Dieu père de la Nature. C est
e plus antique, le plus fondamental de tous
le s dogmes ; il est visible à tous les regards
dans le spectacle de la terre et des cieux.
Je n’ignore pas qu’il existe des peuplades
sauvages qui s’élèvent à grand’peine a cette
sublime méditation ( i), parce qu’ils n’en ont
(t) Cette grande idée n’a pas seulement été un objet
aussi profond qu’il est obscur pour des sauvages , ’maia
même, poür|des nations très-civilisées. L ’origine 1 de'
tout ce qui existe , a de tout tems été enveloppée d’un
voile impénétrable, et a dépassé la sphère dè l’intelligence
humaine. Ainsi les antiques niylliologies orientales
, embellies de toutes le$ fleurs de l’imagination
poétique..des grecs , nous ont dépeint comme fils des
ténèbres de la nuit , l ’amoür { charmante allégorie dii
phénoùréne de l’attraction ) , qui débrouilla le chaos:
La nuit!; 'c’est-à-dire > la complètte ignorance,.'enfante
d’elle-même un oeuf, que l’hymne d’Orphée rromïne
hupënemion , ventosum , ou fécond par sa 'propre
énergie. Elle: étoit donc regardée y cette nuit immense
et vaste du chaos, comme audrogyne, puisqu’elle-se
suffisoit pour reproduire. Telle fut aussi cette.,Yénn»