HISTOIRE NATURELLE
ce principe, il n’y auroit aucun quadrupède
ou oiseau véritablement hors de toute société
ce qui est le propre du sauvage. Quelle
grande différence, je Vous p r ie , entre un
enfant allaité et nourri jusqu’à l’âgé de
quatre à cinq ans par Une mère souvent très-
peu policée, au milieu d’un bois t loin de
toute instruction, comme sont les huche-
Tons; et après cela abandonné, au sein des
forêts , à toute l’âpreté* de la Nature ; quelle
différence si étrange, dis-je, d’un tel individu
dans la plus profonde ignorance ,
d’avec un jeune singe ou tout autre1 animal
livré à lui-même ?
Voüs comptez donc pour rien le langage,
me dira-t-on ? Mais il suffit de rëàsOUVenir
que l’écossais Alexandre 'Selkirk, délaissé
pendant -quàtre ans à l’îlé jUaîKFér-
nandez, y oublia sa langue à tel point qu’il
ne' savoit presque pax retrouver un mot
lorsqu’on l’en ramena ; il avoit même perdu
en partie la faculté de parler. L ’histoire èn a
été Üdèleméni publiée en Angleterre. Cependant
c’étoit un homme fait, qui avoit des
connoissances ordinaires , qui avoit vécu
trente ans parmi fe^ hommes, et qui trou-
voit par conséquent bien plus de ressources
ÿans son abandon, qu’un petit et foibîe
enfant. Que sera-ce donc du jeune aveyro-
nais, sur-tout à lui , pour qui unè blessure
au cou est peut-être ùn obstacle polir articuler
des sôiik ?
On pour toit croire du moins que les- maniérés
fet les habitudes Contractées dans l’enfance
auront pù sè conserver^ cependant on
h’en remarquoit point dans l’enfant dont
nous parlons lorsqu’il fut pris et avant que
la société né lui en eût communiqué quelques
unes. En effet; tout ce qui n’a pas un
rapport direct avec la nourriture et la conservation,
n’aura point été répété dans un
être Uniquement occupé de cés besoins*; tout
Ce qui sera dans cés rapports aura été renouvelé
etconservé sans èêssë^1 parce que ceci
tient à l’instinct^de ia Nature qui existe dans
tons les êteésvOr > toulëàdéS habitudes qu’on
ne répète jamais s’effâèefft à la longue, et
c ’est ainsi qu’on reste dans l’état de nature
quand rien ne sollicite en sortir j ou qu’on
y rentre si l’on est forcé à ne s’occuper uniquement*
que de soi-toêmé. Oïl peut donc
se convaincre qu’on ne trouve plus dans le
jeûné'*âvèÿronais les mceurs et les üsùgés
des hommeâ’poldeééy ét qu’il paraît devenu
entièrement &auvage‘;C1est Ce qui fait qu’on
l ’acciise d’imbéciilité^et qu’il a fair d’en être