SsGô h i s t o i r e n a t u r e l l e
il trompera votre'.attente, il surpassera votre
.espérance. Malheur à la jeunesse savante de
trop bonne heure ! la stupidité l’attend vers
le soir de sa vie.
S’il est dans le monde quelque ouvrage
immense et sublime , c’est celui qui fonde
la société. Le puissant génie qui organise les
nations , qui forme leurs religions , leurs
vertus et leurs moeurs, qui les conduit au
travers de l’abîme des teins., dans la route
du bonheur et de la perfection , est plutôt
celui d’un dieu que d’un homme. Ce n’est
point une production éphémère ; ce n’est
point une mode passagère et frivole ; c’est
l ’inflexible pouvoir des lois qu’il s’agit de
fonder, et. c’est à un mortel à tenter cet
ouvrage immense ! Malheur a l’ame pre-
somptueuse et foible qui ose se .charger de
ce fardeau , son travail insensé périra dès
sa naissance* ! *
Ainsi que dans l ’individu physique , il
faut, considérer deux états dans le moral
des peuples ; celui de l’adolescence et l’âge
de la décrépitude. Il est en effet un téms de
maturité pour l’établissement d’une nation ;
trop récente, elle èst indomptable et sauvage 5
trop ancienne , elle est usée par la corruption.
Dans les différens états par lesquels passe
un assemblage d’hommes réunis en société,
on observe une gradation constante qui suit
un ordre réglé»; il e§t une pente générale
qui les entraîne tous du simple au composée
On ne peut nie r, ce me semble , avec
Montaigne et quelques sophistes de l’antiquité,
l ’existence des lois naturelles ; elles
sont inculquées dans le Coeur de tous ■ les
humains. Comme c’est le sentiment quir les
fonde, et que celui-ci n’est que le résultat
de la sensibilité et de l’organisation, aucun
etre vivant ne peut les ignorer. Ces lois*
parlent au coeur ;| elles y sont éternellement
gravées, et ce n’èst point du tout mieaffaire
de raisonnement. Dans quelle contrée du
monde la mère 11e nourrit-elle pas ét n’aime-
t-elle pas son fils ? où l’homme de la nature
hé se sent - il pas rempli de commisération
pour la foiblesse de l’enfance et la caducité
de l’age mûr"? Quel peuple le plus barbare,
le plus féroce ne reconnoîtra pas les règles
éternelles de la justice entre lui ^ même ?
Aucune société uïer peut subsister sans cela.
La peine du talion , connue chez les sauvages,
prouve leur respect pour la justice
et Iës lois( naturelles. Je soutiens , en m’appuyant
sur les témoignages unanimes des