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poque de l’imitation, commue la jeunesse l’est
de la grande mémoire ,: la virilité celle du
jugement et de la réflexion; tandis que la
prévoyance arrive lenternerit avec la fragile
vieillesse. S’il est vrai qu’il n’y ait rien
sur la terre d’extrême et d’inaccoutumé auquel
la Nature ne se familiarise à l’aide du
tems, on a raison d’appeler la coutume unè
seconde nature; et la plupart de nos idées ,
de nos préjugés ne sont-ils pas son ouvrage ?
Ainsi ce qui est bien dans un pays est mai
dans un autre; mais ce qui appartient à la
simple Nature est bien par-tout. (3e qui est
universel est à elle ^ ce qui est partiel ni est
qu'à nous*
L’amour propre qui s’établit aussi dans Je
coeur du sauvage comme cliez l ’homme policé,
lui donne une présomption nationale (i)
bien plus vive que parmi nous, où les pro-»-
grès universels de l’amour du genre humain
étouffen t le germe des haines ; et réunissent
les peuples européens dans des liens fraternels.
Le sauvage qui ne voit dans les étrangers
que d’insatiables oonquérans, des ennemis
oppresseurs qui lui disputent même sa
(ï) Zimmermann j ■ vota nàtiofta! stolz. t. ï. ëll.
Encyclop. artic. Patriotisme,.
nourriture,
nourriture, ou qui convoitent et usurpent
ses biens; les attaque d’autant plutôt qu’il a
peu à perdre, qu’il espère dans leur dépouille
le prix de sa victoire, et que les applaudisse*
mens même et les louanges de ses concitoyens
sont plus honorables à ses propres
yeüx. S’il ne connoît pas l’impudeur de sa
nudité, ni le déshonneur flétrissant des châ-
timens que les européens lui imposent (r) ,
c’est que n’étanf pas dans un état social, son
indépendance ne peut lui en donner les con^-
noissances et les préjugés ; mais son a me
neuve si indifférente pour nos institutions
civiles, connoît5 cependant le pouvoir'des
modes (2), qui sont suggérées par l’amour et
la vanité ; car plus un peuplèrent galant et
vain, plusdl a de modes. Ainsi que nous,
l ’homme sauvage se déforme en croyant
s’embellir* Les marques superficielle^ pu
profondes qui taUment ou sillonnent sa peau,
•les fards, les peintures (5) qui la colorent ou
(1) UUoçi ) Voÿag. t. 1. Dumont f M m ., Leplerc,
Gaspés. etc* •
. (2) Lobos, Abyssin. ftolbe, cap. B. J5sp, 1 .1 . Barbof,
Guin. Deêmàrchais y id. Dutertrç, Antill. t. j. /. de
Daet, nov. orb. Jib. 4» §|g|,
. (5) On sait que le nom des pietés vient de ce que
T o m e I L C