et n’admet que ce qui plaît à son odorat (i).
C’est l’instinct que la Nature montre; aussi
je ne crois pas qu’un homme naturel puisse
jamais s’empoisonner tant qu’il aura soin de
se servir de son odorat, qui est, pour ainsi
dire, un goût extérieur. Ce sens doit être
très-perfectionné chez le jeune aveyronais
Joseph; et il est certain qu’il lui fait aperce-
voir dans les alimens, des odeurs dont nous
n ’avons peut-être aucune connaissance. Le
goût doit être assez hn aussi, car il est ordinairement
dans les mêmes rapports de
perfection que l’odorat. D’ailleurs, ces sens
appartenant à l’appétit, seul but de l’homme
naturel, comme celui des animaux, doivent
s’être beaucoup plus développés que chez
nous. Les sensations qu’il en reçoit étant les
plus vives , les plus fortes, les plus nomexemple
semblable d’un hottentot. J’en, cite plusieurs
dans la première partie de l ’Hist. naturelle du genre
bumain.
( i) Schreber, Sacngt. der menscb. p. A* , dit que le
sauvage qu’on appelle Jean de Liège , et dont Boerr
Jiaave a fait mention, avoit un odorat extrêmement
fin j par son moyen il découvroit l ’endroit des racines
qu’il déterroit pour s’en nourrir. L a femme qui le
servoit étoit distinguée de trè s-loin, par ce sauvage*
à l ’aide du seul odorat.
breuses, déterminent davantage la série de
ses actions et son genre de vie ; ses idées
doivent rouler principalement sur ees con-
noissances d’appétit et d’instinct, et diriger
entièrement sa conduite. L ’homme de la
Nature vit tout en sensations, et nullement
en réflexions. Plus on est occupé à sentir ,
moins on a le tems de réfléchir ? et plus on
est voisin de la Nature, comme sont la plupart
des peuples sau vages et même les nègres.
Penser est, pour ainsi dire, contre nature;
lp sentiment seul, est de son domaine. Ceux
qui ont repris J. J. Rousseau d’avoir dit que
Vhomme qui médite e$t un animal dépravé ,
n’ont; pas compris cette proposition très* 1?
philosophique, si nous sommes nés pour
vivre dans l’état de nature, comme les autres
êtres. :
Nous vivons principalement dans les organes
de la pensée et dans les sens qui l ’é?
clairent davantage, comme le cerveau et le
toucher, parce que nous sommes policés ;
dans le sauvage, au contraire, la vie se
concentre dans les organes des besoins d’àp-
pétit, tels que l’estomac et les parties génirr
taies à l’âge de puberté ;5il n’existe que pour
manger ,çt s% réproduire!; voilà le setil bu.%
de la shuple Nature, b» ;