2&2 HISTOIRE NATURELLE
voyageurs, autant que'par la conviction de
l ’évidence, qu’il n’est aucun homme qui ne
les commisse intérieurement : le seul pen«
chant de l’intérêt particulier a pu répandre
quelques nuages sur des propositions si simples,
si claires et si universelles.
Mais , dira-t-on, combien de traits contraires
aux lois naturelles, dans l’association
c ivile, ne semblent-ils pas militer contre
leur_existenceî^: Je répondrai qu’il faut sien
prendre aux institutions politiques et religieuses
qui en ont obscurci quelques-unes,
Sparte ne vouoit - elle pas à la mort lès en-*
fans mal conformés ? Gomment les bâtards
sont-ils traités parmi nous ? La superstition
n’a-t-elle pas envoyé des hommes aux supplices
? ne les a - t -e lle pas précipités dans
lès llammes ? La politique n’a-t-elle pas trop
souvent dispensé les nations des devoirs de
la justiee envers leurs ennemis ? Mettrons-
nous sur le compte de la Nature, ce qui
n’appartient qu’à la société ? Ne sommes«
nous pas dénaturalises par elle ? Sans cela
nous resterions parfaitement justes envers
le genre humain , et en même tems sauvages.
Ne jugeons donc jamais, d’après uos
préjugés religieux ou politiques, de l’état
naturel! Soyons bien convaincus que tout
ce que la Nature ordonne est universellement
empreint dans toutes les âmes , et
même chez les animaux. Sa voix est tou-<
jours celle du sentiment; ç?est là son unique
langage* Tout; ce qui est autre que l’impulsion
du coeur, n’est pas elle.
Lorsqu’il n?existe point encore de contrat
social, et que les hommes vivent dispersés,
ils sont dans un état plus ou moins rapproché
de la pure nature ; ils vivent isolés
comme les brutes dans les antres,, leà rochers,
abandonnés à leur çomplette indépendance :
tel est le premier! état du genre humain.
Si lès premiers: linéamens d’une association
patriar châle se font apercevoir sans être
déterminés ^ COërci tifs et fixés, voilà/ dé petites
familles de sauvages unis pour lâ chasse^
la pêcheiet pour fous lès besoins naturels:
tels sont plusieurs américains et des insulaires
de la mer du Sud. C’est le second état
de notre; espèce.
Un degré de plus présente des hordes
errantes de pauvres nomades, tels que les
eafres et plusieurs peuplades maures. Plus
avancées dans la civilisation, elles.se forment
en tribus indépendantes comme les arabes f
ou confédérées comme les tartares. Ces dernières
, obligées par la nature de leur clL